Investi officiellement président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), le Mauritanien Sidi Ould Tah a dévoilé une feuille de route pour le continent. Guidé par quatre priorités stratégiques, dénommée “quatre points cardinaux”, il entend impulser une nouvelle ère de développement, en phase avec les défis financiers, démographiques et climatiques auxquels l’Afrique est aujourd’hui confrontée.
Bidossessi WANOU
Selon le document consulté par certains médias, Sidi Ould Tah a résumé sa vision en quatre axes majeurs, qu’il entend mener avec urgence et détermination. En point de mire, le nouveau président de la BAD évoque la nécessité de mobiliser les ressources financières de l’Afrique en vue d’améliorer l’accès aux capitaux à grande échelle ; diversifier les sources (fonds souverains, fonds de pension, financement mixte, obligations vertes…) pour combler le déficit estimé. « Nous devons mobiliser les ressources financières de l’Afrique en améliorant l’accès aux capitaux à grande échelle. Avec un déficit de financement annuel dépassant 400 milliards de dollars, nous ne pouvons pas nous permettre de continuer comme si de rien n’était », a précisé Ould Tah Sidi. Il a promis reformer également le modèle économique de la banque pour accélérer le développement et la syndication de projets, améliorer la rotation des capitaux et renforcer significativement la capacité de prêt collective. La deuxième priorité énoncée par le nouveau Président de la BAD concerne le renforcement des institutions et des systèmes financiers du continent. Ould Tah souhaite que l’Afrique gagne en crédibilité et en influence sur la scène internationale. Il promet de moderniser la gouvernance de la BAD, de rationaliser la prise de décision et d’instaurer une culture de performance axée sur les résultats afin de rendre l’institution plus efficace. Au point trois, le Président de la BAD projette tirer parti de la transformation démographique. Convaincu que la population africaine est son plus grand atout, le président de la BAD veut en faire le moteur d’une croissance inclusive. L’enjeu est d’investir dans l’éducation, la formation et l’emploi pour transformer la jeunesse en un véritable catalyseur de développement, dans un contexte d’urbanisation rapide et de forte demande d’opportunités économiques. Enfin, Sidi Ould Tah insiste sur l’urgence de développer des infrastructures capables de résister aux chocs climatiques. Il appelle à valoriser davantage les ressources naturelles du continent, non pas à travers l’exportation brute, mais par la transformation locale et l’industrialisation durable. Ses priorités incluent les investissements dans les secteurs énergétique, numérique et de transport, afin de relier les économies urbaines et rurales tout en stimulant la compétitivité.
Si la mise en œuvre s’avère efficace, la vision de Sidi Ould Tah pourrait avoir plusieurs retombées marquantes : une Afrique plus autonome sur le plan financier, moins dépendante de l’aide extérieure, des chaînes de valeur locales renforcées grâce à l’industrialisation et à la transformation locale, un essor de l’emploi pour la jeunesse, crucial dans un continent à forte croissance démographique et enfin, une meilleure résilience face aux chocs externes (climat, économiques, sanitaires). Les défis pour y parvenir seront cependant la capacité de gouvernance dans plusieurs pays, le climat politique, la divergence d’intérêts entre États, la fragilité des infrastructures existantes, et un besoin de cohésion régionale fort pour des projets transfrontaliers. Cette feuille de route intervient dans un contexte où l’Afrique fait face à de multiples défis : crise climatique, alourdissement des dettes publiques, incertitudes géopolitiques. Le succès de cette stratégie dépendra aussi de la capacité de la BAD à mobiliser plus de financements et à fédérer autour d’elle les États, le secteur privé et les partenaires internationaux.