Au premier semestre, l’exécution du budget de l’Etat 2025 affiche des performances encourageantes au Bénin. Mais la question de la soutenabilité financière reste entière, tant la dépendance aux financements extérieurs demeure forte.
Aké MIDA
Recettes en hausse, dépenses sociales renforcées et investissements prioritaires poursuivis… A mi-parcours de l’exercice 2025, le Bénin peut se féliciter d’un budget exécuté de manière globalement satisfaisante.
Selon le rapport d’exécution budgétaire (Rapex) au 30 juin 2025, l’Etat béninois a mobilisé 1 192,2 milliards F Cfa, soit 50,4 % des prévisions annuelles et une hausse de près de 13 % par rapport à la même période en 2024.
La direction générale du Budget (Dgb) voit en cette dynamique des recettes, le fruit de la poursuite des réformes au niveau des régies financières engagées dans le cadre du Programme d’actions du gouvernement (Pag) et qui mise sur l’amélioration de la mobilisation des ressources internes. Il s’agit notamment de l’élargissement de l’assiette, la taxation du commerce électronique, la digitalisation et l’interconnexion des bases de données. Bref, les caisses se remplissent mieux malgré un contexte international tendu par les crises sécuritaires et le ralentissement du commerce international.
Les dépenses budgétaires atteignent 1 512,9 milliards F Cfa en engagements (54,5 % des prévisions), dont 467,1 milliards consacrés aux investissements prioritaires à fin juin. Les secteurs clés tels que l’énergie, l’eau, la santé et les infrastructures absorbent l’essentiel de ces ressources.
Fait notable, les dépenses sociales ont dépassé les objectifs intermédiaires avec 63,6 milliards déjà exécutés, soit 108,2 % de la cible semestrielle. Cette progression confirme la priorité donnée à la protection sociale et à la réduction des inégalités, conformément aux engagements pris dans le cadre des Objectifs de développement durable (Odd).
Entre ambition et prudence
Malgré ces avancées, le solde budgétaire reste déficitaire de 244,1 milliards F Cfa. Ce déficit est largement compensé par les financements extérieurs, qui atteignent déjà 814,2 milliards, soit près de 69 % des prévisions annuelles. Cet accès facilité aux marchés financiers internationaux témoigne de la crédibilité du Bénin, saluée notamment par les récentes analyses de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (Fmi), qui soulignent la solidité des réformes de gestion publique. Mais il traduit aussi une dépendance structurelle qui pose la question de la viabilité de la dette à moyen terme. Selon le Fmi (avril 2025), la dette publique du Bénin est jugée « soutenable, mais exposée à des risques modérés ».
Le renforcement des mécanismes de collecte et l’approfondissement des réformes restent essentiels pour la bonne gestion des finances publiques, selon Rodrigue S. Chaou, directeur général du Budget. Il préconise : « La mobilisation des recettes budgétaires reste un axe d’amélioration crucial, tout comme la maîtrise de la progression des dépenses associé à leur efficacité. En outre, l’accent doit continuer à être mis sur le recours optimal aux financements sur les marchés financiers afin de protéger la viabilité de la dette publique ». Autrement dit, la résilience observée au premier semestre doit se consolider par un renforcement des recettes intérieures et une meilleure maîtrise des dépenses, afin d’éviter un alourdissement excessif de la dette.
A l’heure où les tensions sécuritaires et le ralentissement du commerce mondial fragilisent l’espace ouest-africain, le véritable défi du Bénin se situe dans l’équilibre délicat entre ambition de développement, effort social et maintien de la discipline budgétaire pour garantir la bonne gestion des finances publiques.

