Le Bénin célèbre ce vendredi 1er août 2025, ses 65 ans d’indépendance. Depuis 1960 le pays a connu de nombreuses évolutions, grâces aux réformes et initiatives portées par les différents chefs d’Etat qui se sont succédé. Aujourd’hui, le Bénin enregistre des avancées notables, en particulier dans le secteur industriel. L’industrialisation progresse, avec des projets structurants et des investissements publics et privés de plus en plus présents. Pour autant, des défis importants restent à relever pour un développement inclusif du pays.
Des avancées notables dans l’agriculture, socle du développement béninois

Depuis son indépendance en 1960, le Bénin a traversé plusieurs phases de développement agricole, chacune marquée par des réformes et des politiques visant à améliorer la productivité et la sécurité alimentaire. Malgré les efforts des différents gouvernements, des défis persistants ont souvent entravé le plein développement du secteur. Sous le régime du président Patrice Talon, la mise en place du Fonds national de développement agricole (FNDA) représente une nouvelle étape pour revitaliser ce secteur clé. Le FNDA a permis d’injecter environ 26 milliards de FCFA dans le secteur, soutenant plus de 180 projets agricoles depuis sa création. Grâce à ce fonds, on note au cours des dernières années, un progrès dans la mécanisation agricole. Des équipements et machines sont subventionnés jusqu’à 50%, rendant leur acquisition plus accessible pour les producteurs. Cette initiative vise à augmenter la productivité et à alléger les tâches des agriculteurs. L’ambition du Bénin étant d’avoir une agriculture entièrement mécanisée d’ici la prochaine décennie. Cependant, des défis persistent. Le Bénin doit encore améliorer les infrastructures, notamment les pistes rurales, essentielles pour l’évacuation des productions agricoles vers les marchés. Malgré les efforts en cours, ces infrastructures restent insuffisantes pour soutenir pleinement le développement du secteur.
La GDIZ : accélérateur de l’industrialisation du Bénin
Les résultats de la GDIZ sont aujourd’hui palpables et en disent long du niveau de transformation industrielle du Bénin. Conscient de son potentiel agricole qui depuis les indépendances, enrichit exclusivement les pays exportateurs de ses matières premières, le Bénin grâce aux ambitions du Gouvernement du Président Talon, a amorcé, depuis 2020 (date de création de la Zone économique spéciale de Glo-Djigbé), une nouvelle étape dans son développement industriel. Avec la mise en place de cette plateforme industrielle qui met un point d’honneur sur la transformation des matières premières agricoles du Bénin en produits finis afin de créer plus de valeur ajoutée, le Bénin, pour la première fois depuis les indépendances, affirme sa présence sur le marché international de l’industrie textile. Et les impacts ne se font pas attendre. Avec aujourd’hui, plus de 10.000 emplois générés, 36 investisseurs signés dans divers domaines tels la pharmacie, l’agroalimentaire, le textile, etc.; 12 unités industrielles opérationnelles, et 14 autres en cours de construction, la GDIZ qui accueille des investisseurs de différents pays, tant d’Europe, d’Asie, d’Afrique, etc., entend concentrer plus de 100.000 emplois d’ici fin 2030. Des chiffres qui, de loin, dépassent les réalisations en matière d’industrie depuis l’indépendance du pays.
Bénéficiant d’un investissement initial de 1,5 milliards de dollars, cette entité, fleuron de l’industrie béninoise, en l’espace de trois (03) ans, grâce à ses facilités uniques au monde, aura permis, de livrer en juillet 2023, 70 mille pièces de vêtements « Made in Benin » à savoir : leggings et polos pour filles et garçons à « The Children Place (TCP) », une des marques les plus importantes des USA. L’exploit se réédite en 2024 avec l’exportation de 80 mille pièces de vêtements pour la marque française « Kiabi », propriétaire d’une chaîne de magasins spécialisée dans les vêtements et accessoires pour femmes, hommes, enfants et bébé, avec près de 563 points de vente, une forte présence en France et une implantation en Espagne, Italie, Afrique, Moyen-Orient et dans les Départements et Régions d’Outre-Mer (Drom). Outre le textile, la GDIZ, en termes de transformation, a aujourd’hui le mérite de transformer également de noix de cajou, du soja, et autres. Des matières autrefois exportées à l’état brut. S’il est vrai qu’autrefois, les tenues des forces armées béninoises étaient confectionnées ailleurs pour être, ensuite, livrées à l’armée, la GDIZ, depuis son opérationnalisation, en a pris le contrôle. En effet, dans la logique du consommons local, c’est plus de 12.000 tenues militaires qui ont été livrées par la plateforme industrielle au ministère de l’intérieur et de la sécurité publique, ainsi qu’au ministère de la défense nationale au profit des forces de défense et de sécurité.
La GDIZ ne se contente pas de stimuler la croissance

économique. Elle intègre également des principes de durabilité, en favorisant des chaînes d’approvisionnement traçables et respectueuses de l’environnement. Le parc textile, par exemple, est conçu pour minimiser l’impact écologique tout en maximisant l’efficacité et la qualité des produits. Cette approche attire l’attention de grandes marques internationales, intéressées par des partenariats qui valorisent les pratiques responsables. Les ambitions de la GDIZ sont élevées. Le gouvernement béninois vise à créer 300 000 emplois d’ici 2030, en attirant davantage d’investissements locaux et étrangers.
La vallée de l’Ouémé, le grenier à valoriser de plus
2ème vallée la plus riche au monde après celle du Nil, la vallée de l’Ouémé avec une superficie qui s’étend sur environ 450 km, offre des sols fertiles, des ressources hydriques abondantes et un climat favorable à l’agriculture. Pourtant, malgré ce potentiel exceptionnel, elle reste largement sous-exploitée, laissant ainsi passer une opportunité précieuse pour renforcer la sécurité alimentaire au Bénin. En dépit des efforts sans cesse renouvelés de la Banque africaine de développement (BAD) pour développer ce bijou de la nature, le manque de volonté et de politiques cohérentes et futuristes du côté béninois ne fait que renvoyer son exploitation intelligente aux calendes grecques.
Plusieurs facteurs contribuent à la sous-exploitation de cette région. Tout d’abord, l’insuffisance des infrastructures de transport et de communication limite l’accès aux marchés et aux intrants agricoles. De plus, le manque d’investissements publics et privés freine le développement des systèmes d’irrigation et de gestion de l’eau, cruciaux pour maximiser le rendement agricole. L’absence de politiques agricoles cohérentes et l’instabilité foncière ajoutent également des obstacles à l’exploitation optimale de cette vallée. Le manque de formation et d’accompagnement technique pour les agriculteurs limite l’adoption de techniques modernes et durables, nécessaires pour une agriculture compétitive et respectueuse de l’environnement.
Considérant que la vallée de l’Ouémé possède un potentiel agricole immense, notamment pour la culture du riz, du maïs, du manioc et des fruits tropicaux, sans oublier qu’elle bénéficie d’un réseau hydrographique dense, facilitant l’irrigation, essentielle pour une production agricole soutenue, il s’avère nécessaire de penser une politique d’exploitation durable. La valorisation de la vallée de l’Ouémé représente une opportunité stratégique pour le Bénin de renforcer sa sécurité alimentaire, de créer des emplois et de dynamiser son économie rurale. Une exploitation judicieuse de cette vallée, par le biais d’investissements adéquats, d’infrastructures adaptées et de politiques publiques cohérentes, pourrait transformer cette région en un véritable grenier à grains, non seulement pour le pays, mais également pour toute la sous-région ouest-africaine.
Des prouesses en dents de scie en Energie

Au Bénin, la question énergétique est au cœur des préoccupations, avec des implications significatives sur le développement économique et quotidien des citoyens. Alors que le coût de l’énergie continue d’augmenter et que les délestages persistent, le pays avance résolument vers une solution durable grâce à des investissements stratégiques dans les infrastructures électriques. La Société Béninoise de Production d’Électricité (SBPE) a adopté une approche visionnaire en intégrant des projets Gas to Power (G2P) dans son plan stratégique, soutenus par le WAEP et le projet Power Africa. Ces initiatives visent à renforcer l’autonomie énergétique du Bénin, avec des réalisations notables comme la centrale thermique Maria Gléta 2, qui produit 127MW et a déjà été mise en service avec une production annuelle de 194GWh. Cet investissement sera soutenu par de nombreux autres projets en vue, à savoir, Glo-Djigbé (cycle combiné). En cours de construction, cette centrale devrait ajouter 150MW à la capacité installée, produisant environ 229GWh par an. A cela s’ajoute le projet Genesis Gas/LPG : Un projet en développement prévoyant 46MW de capacité et 70GWh de production annuelle, contribuant à diversifier les sources d’énergie du pays.
Malgré ces avancées, les défis persistent, notamment l’augmentation du coût de l’énergie et les délestages qui affectent les ménages et les entreprises. Pourtant, le Bénin se dirige vers une solution durable grâce à l’exploitation croissante des énergies renouvelables, en particulier l’énergie solaire. Les initiatives en cours visent à diversifier le mix énergétique et à réduire la dépendance aux combustibles fossiles. À l’horizon 2026, le Bénin vise une autonomie énergétique renforcée, avec la mise en service attendue des projets Genesis et Glo-Djigbé. Ces développements promettent non seulement de stabiliser l’approvisionnement en énergie, mais aussi de stimuler la croissance économique et d’améliorer la qualité de vie des Béninois.
Un nouveau départ pour l’énergie renouvelable

Dans le cadre de la transition énergétique, les énergies renouvelables et surtout celle photovoltaïque s’impose comme une solution verte idéale. Une Politique Nationale de Développement des Énergies Renouvelables (PONADER) 2025–2030 a été adoptée. A travers la loi sur la PONADER, le Bénin vise à : porter la part des énergies renouvelables à 30 % du mix électrique d’ici 2030, contre 16 % en 2024 ; atteindre 417 MW de capacité installée d’énergies renouvelables, soit 53 % de la capacité totale projetée (794 MW) ; mobiliser 1 270 millions d’euros d’investissements privés (environ 833 milliards de FCFA) pour la production d’énergie et les solutions décentralisées (mini-réseaux, kits solaires, cuisson propre) ; permettre à 2,9 millions de ménages d’accéder à l’électricité d’ici 2030, soit un taux de couverture nationale de 100 %, contre 42,6 % à fin 2024 ; offrir des solutions de cuisson propre à 1 285 000 ménages et équiper 809 000 autres en foyers améliorés. L’approbation de la PONADER confirme la volonté ferme du Gouvernement à assurer une transition énergétique ambitieuse, inclusive et durable, tout en soutenant la croissance économique et l’équité sociale. La démarche participative qui a guidé le processus, notamment à travers le Pacte Énergie, garantit une appropriation partagée et une mobilisation renforcée.
Accès durable et sécurisé du Bénin à l’énergie électrique
La composante « Accès Durable et Sécurisé à l’Energie Electrique » prévoit d’atteindre un taux national d’électrification de 75% d’ici à 2025, à raison de 50% en milieu rural et 90% en milieu urbain. Les infrastructures à réaliser consistent notamment en la construction de lignes ou de postes de transport dans certains départements et affecteront plusieurs propriétés privées. En dépit de tous ces efforts, le coût au kilowattheure ne s’est pas amélioré. Alors que beaucoup s’attendaient à une révision à la baisse, c’est une hausse qui a été décidée en 2021. Mais cette politique reste motivée sachant qu’en contrepartie, le gouvernement a pris une décision de branchement à coût forfaitaire dans les zones du pays. Les unités industrielles, selon le seuil de leur demande, bénéficient également d’avantages préférentiels dans le branchement et le délai. Toutefois, il est à déplorer in fine qu’en dépit des nombreux efforts, les coupures d’électricité persistent.
Nécessité d’un renouveau des enjeux économiques

En dépit des prouesses réalisées par le Bénin depuis 2016, le pays reste confronté à de nombreux défis. La Vision Bénin 2060 constitue un nouvel essor pour booster le développement. Cette loi promulguée, structurée en 31 articles, définit les grandes orientations pour l’avenir socio-économique du Bénin. Elle s’articule en quatre séquences temporelles distinctes. La première couvre la période de 2026 à 2035 et est consacrée à la consolidation des acquis, La deuxième séquence va s’étendre de 2036 à 2045 et est consacrée à l’affirmation du modèle inclusif. La troisième part de 2046 à 2055 et est destinée à la maturation du développement durable. La dernière séquence prend en compte la période de 2056 à 2060 et est réservée à la pérennisation du bien-être social.
Selon l’article 8, cette vision nationale de développement repose sur quatre piliers fondamentaux : la paix, la bonne gouvernance, la prospérité et le rayonnement culturel et international. L’article 19 énumère 15 objectifs stratégiques. L’article 22 précise que « le cadre institutionnel de la vision nationale de développement comprend deux organes ».
Le premier est la commission en charge de la prospective au sein du Conseil national de la planification. Cette commission assure la cohérence intersectorielle, la revue périodique et la surveillance de la mise en œuvre de la vision nationale de développement. Elle veille à la cohérence des politiques nationales, sectorielles et territoriales avec la vision, encadre les actions de plaidoyer et de mobilisation sociale en relation avec le secrétariat technique permanent.
La commission supervise également la coordination et le pilotage de la mise en œuvre de la vision à tous les niveaux de gouvernance, veille à l’organisation d’une revue quinquennale, coordonne les dispositifs de veille prospective et stratégique et s’assure de la mise en place et du bon fonctionnement d’une plateforme numérique interactive de suivi. Elle s’assure également de l’obligation de redevabilité dans les rapports institutionnels, notamment les rapports annuels et les bilans d’activités et d’évaluation des politiques publiques.
Le deuxième organe est le secrétariat technique permanent du Conseil national de la planification. Il assure la coordination opérationnelle et technique de la mise en œuvre de la vision nationale de développement. Il pilote le plaidoyer et la mobilisation des parties, la cohérence entre les politiques publiques, la vision et les actions, le suivi-évaluation et la centralisation des données stratégiques.
Il conduit également la production de rapports périodiques via un système d’information numérique intégré, le fonctionnement d’un système de veille stratégique, l’articulation et l’exécution des stratégies entre l’État, les collectivités territoriales, la société civile, le secteur privé et les partenaires techniques et financiers. L’article 28 stipule que « toute politique, tout plan national de développement, toute stratégie de développement, tout programme d’actions du gouvernement ainsi que toute action des organisations de la société civile et du secteur privé s’alignent sur les orientations stratégiques définies dans la vision nationale de développement ». Ce nouveau plan de développement conduira le Bénin à l’horizon 2060 vers un pays industrialisé.