Le Gouverneur de la BCEAO, Monsieur Jean Claude Kassi BROU, a pris part, les 16 et 17 juin 2025 à Livingstone, en Zambie, à la réunion semestrielle du Groupe Consultatif Régional pour l’Afrique subsaharienne du Conseil de Stabilité Financière (FSB), placée sous le thème « Comment améliorer les paiements transfrontaliers ? »
Lors de son intervention, le Gouverneur de la BCEAO a rappelé les quatre principaux défis identifiés par la Banque des Règlements Internationaux (BRI), à savoir : les coûts de transaction élevés, les délais de traitement prolongés, l’accès restreint aux infrastructures formelles, ainsi que le déficit de transparence dans les opérations. Il a souligné que le G20, à travers une feuille de route initiée en 2020 par le FSB et le Comité sur les Paiements et Infrastructures de Marché (CPMI), a fixé des objectifs ambitieux à l’horizon 2030, visant l’amélioration de la rapidité, du coût, de l’accessibilité et de la transparence des paiements transfrontaliers.
Toutefois, les données les plus récentes révèlent des écarts persistants en Afrique subsaharienne. Les frais de transfert y demeurent supérieurs à 3 % pour les paiements entre individus et entreprises, bien au-dessus de la cible de 1 % fixée par la feuille de route. Moins de 25 % des paiements interbancaires sont crédités dans l’heure, bien en deçà de l’objectif de 75 %, et près de la moitié des prestataires de services P2P ne publient pas d’informations claires sur les frais appliqués ni sur les délais de traitement, ce qui affaiblit la compréhension et la confiance des utilisateurs.
Face à ces constats, le Gouverneur a présenté les avancées enregistrées au sein de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). Les réformes engagées depuis les années 2000 ont permis de moderniser les infrastructures régionales de paiement, ramenant les délais de traitement des paiements transfrontaliers interbancaires à moins de deux jours, contre quarante-cinq jours auparavant. Les coûts ont par ailleurs été réduits à quelques dizaines de centimes par transaction. Le développement des transferts de fonds internationaux vers des comptes de monnaie électronique a également contribué à renforcer l’inclusion financière, notamment en faveur des populations jusqu’alors exclues du système bancaire formel.
Sur le plan réglementaire, l’Institut d’émission exige désormais une transparence renforcée en matière de tarification auprès des établissements de crédit. Il a également engagé plusieurs chantiers structurants, parmi lesquels la mise en place d’une plateforme régionale d’interopérabilité des services financiers numériques, visant à permettre des paiements instantanés entre les huit Etats membres de l’Union, ainsi que l’encadrement progressif des fintechs dans un cadre réglementaire adapté.
Parallèlement aux initiatives engagées au niveau régional, la BCEAO participe activement à deux projets continentaux majeurs. Il s’agit du Système de paiement et de règlement de la CEDEAO (EPSS) et du Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), tous deux conçus pour accompagner la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Enfin, le Gouverneur Jean Claude Kassi BROU a appelé à une mobilisation coordonnée autour de cinq axes prioritaires : l’harmonisation des cadres réglementaires, la convergence des règles de supervision, le traitement adéquat des risques de change et de règlement, la mutualisation des dispositifs de gestion des risques, ainsi que le renforcement du partage d’informations entre autorités compétentes. Il a réaffirmé qu’une meilleure intégration des acteurs non bancaires, notamment les fintechs et les institutions de microfinance, constitue un levier essentiel pour renforcer l’inclusivité, l’efficacité et la sécurité des paiements transfrontaliers dans la région.