Le Bénin affine sa stratégie d’endettement pour renforcer la soutenabilité et financer ses ambitions de développement. Le ratio d’endettement devrait être ramené à moins de 50 % du Pib sur la période 2026-2028, et ainsi contenu dans les limites jugées viables.
Par Aké MIDA
Face à la nécessité de soutenir une dynamique d’investissement soutenue tout en garantissant la stabilité des finances publiques, le Bénin entend poursuivre une stratégie d’endettement maîtrisée, proactive et orientée vers les résultats. C’est ce qui ressort des orientations fixées dans le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (Dpbep) 2026-2028 adopté fin mai par le Conseil des ministres.
Le gouvernement s’engage à maintenir le ratio d’endettement dans les limites jugées soutenables. Il prévoit que le ratio Dette/Pib se situera en dessous du seuil communautaire de 70 % fixé par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), confirmant ainsi une trajectoire prudente.
A titre indicatif, ce ratio est projeté à 48,9 % en 2026, 47,6 % en 2027 et 46,3 % en 2028 contre 53,4 % à fin 2024, traduisant une baisse et une consolidation de la position financière du pays. Ainsi, l’indicateur Valeur actuelle de la dette (en % du Pib) demeurera en dessous de la limite de 55 % du Produit intérieur brut (Pib) prévue par le Cadre de viabilité de la dette conçu par le Fonds monétaire international (Fmi) et la Banque mondiale.
Pour ce faire, la stratégie nationale en matière de dette publique s’appuie sur trois principes fondamentaux à savoir préserver la viabilité de la dette, réduire les coûts de financement à moyen et long termes, et approfondir les marchés financiers pour diversifier les sources de financement. Le Dpbep souligne la poursuite d’un recours raisonné aux marchés financiers, notamment à travers des émissions d’obligations sur le marché régional de l’Uemoa et, de façon plus ciblée, sur les marchés internationaux.
Une dette au service du développement
La dette publique restera principalement mobilisée pour financer les investissements structurants du Programme d’actions du gouvernement (Pag), avec une attention particulière portée sur les projets à fort rendement socio-économique. L’endettement est ainsi conçu comme un levier stratégique pour accompagner la transformation économique, renforcer les infrastructures et améliorer la résilience du pays.
Dans cette logique, les nouveaux engagements seront prioritairement orientés vers les secteurs de l’énergie, des transports, de l’eau, de la santé, de l’éducation et du développement rural. L’approche consistera à privilégier les financements concessionnels ou semi-concessionnels, tout en optimisant les conditions d’accès aux marchés financiers régionaux et internationaux.
Le gouvernement renforcera les capacités de la Caisse autonome de gestion de la dette (Cagd). Il est également prévu l’amélioration des outils d’analyse, de suivi et de transparence, notamment à travers l’actualisation régulière de la Stratégie de gestion de la dette à moyen terme (Sdmt) et la publication des bulletins statistiques sur la dette publique.
Pour y parvenir, la stratégie sera accompagnée de mécanismes de gestion active de la dette, incluant le refinancement des obligations arrivant à échéance, la gestion des risques de change et la conversion de certaines dettes à court terme en dettes à plus long terme, à travers le recours aux emprunts en devises stables. Le Bénin met également un point d’honneur au remboursement à bonne date de ses engagements vis-à-vis des partenaires.
Avec cette stratégie, le Bénin entend faire de l’endettement un instrument efficace et soutenable au service du développement. La discipline financière, combinée à une gouvernance renforcée et à une gestion active de la dette, permettra au pays de poursuivre ses ambitions sans compromettre les équilibres macroéconomiques.

