Du 8 au 12 septembre 2025, une délégation de sept membres de la République démocratique du Congo (RDC) a séjourné au Bénin. L’objectif : s’inspirer du modèle béninois en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et les crimes économiques. Accueillie par la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF) du Bénin, la délégation congolaise a pu découvrir les réformes et mécanismes mis en place pour renforcer l’efficacité de la lutte contre la criminalité financière.
Abdul Wahab ADO
Le Bénin continue de faire parler de lui en Afrique grâce à ses réformes et programmes exemplaires dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Après une visite du Burundi, c’est au tour d’une délégation de la République Démocratique du Congo (RDC), conduite par Caroline Kakuta, conseillère technique au sein du projet de lutte contre les flux financiers illicites en RDC, de séjourner au Bénin. Composée de sept femmes, dont six issues de l’Académie « Femme Héroïne LBC » de la RDC, cette délégation est venue s’inspirer de l’expérience béninoise. À l’issue de leur mission, Caroline Kakuta a déclaré : « Nous sommes venues au Bénin parce que ce pays est aujourd’hui un modèle en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Nous sommes ici pour apprendre auprès des autorités béninoises, échanger sur leurs défis et leurs opportunités, et voir comment ces enseignements peuvent contribuer à améliorer l’environnement en RDC et guider nos décisions ».

La cheffe de la délégation de la RDC a souligné que durant leur séjour, elles ont été chaleureusement accueillies par la CENTIF Bénin, qui leur a proposé un programme riche et bien structuré. « Nous avons pu rencontrer toutes les structures clés impliquées dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme », a-t-elle précisé.
Satisfait de cette visite, le président de la CENTIF Bénin, M. Bello Abdou Rafiou, a exprimé sa fierté : « Le Bénin est honoré d’accueillir une délégation de la République Démocratique du Congo. Cela témoigne de la qualité du travail accompli et de la reconnaissance internationale dont bénéficie aujourd’hui le Bénin ». Il a rappelé qu’avant cette visite, une délégation de la Cellule de renseignements financiers du Burundi était également au Bénin, en raison de la réputation grandissante du Bénin. « Cette reconnaissance, nous la devons à la gouvernance rigoureuse impulsée par le Président de la République, ainsi qu’au soutien constant du Ministre d’État chargé de l’Économie et des Finances. Grâce à cet appui, la CENTIF dispose des moyens nécessaires pour accomplir efficacement sa mission. D’ailleurs, nous venons tout juste d’intégrer un nouveau siège, flambant neuf, symbole fort de l’engagement du gouvernement à nos côtés », a expliqué le président de la CENTIF.
La Centif Bénin, acteur clé de lutte contre le blanchiment de capitaux
La Cellule nationale de traitement des informations financières du Bénin (CENTIF Bénin) est un acteur central dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Conformément à l’article 96 de la Loi n°2024-01 du 20 février 2024 portant loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive, elle est chargée de recueillir, analyser, enrichir et diffuser le renseignement financier, afin d’identifier et de neutraliser les flux financiers illicites.

Au-delà de cette mission nationale, la CENTIF joue également un rôle important sur le plan international. En collaboration avec d’autres entités publiques, elle contribue à la mise en œuvre de l’action extérieure du Bénin en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme, mais aussi la prolifération des armes de destruction massive.
Sous la tutelle du Ministère de l’Économie et des Finances, la CENTIF Bénin élabore et diffuse régulièrement des notes d’information stratégiques, des alertes ainsi que des études de typologies. Ces outils visent à informer les parties prenantes et à mettre en lumière les mécanismes de blanchiment, dans le but de prévenir l’introduction des fonds d’origine criminelle dans l’économie, en particulier dans le secteur financier.
Pour assurer l’efficacité et l’indépendance de ses missions, la CENTIF est dotée d’une autonomie administrative complète. Elle dispose également d’un pouvoir de décision propre sur toutes les questions relevant de sa compétence, notamment en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive.

Enfin, il est important de souligner que la CENTIF n’est soumise à aucune instruction ni influence extérieure dans le cadre de ses investigations. Cette indépendance institutionnelle constitue une garantie essentielle pour la crédibilité, la neutralité et l’efficacité de ses actions.
Les résultats actuels sont très encourageants. Dans un entretien, le président de la CENTIF Bénin, Bello Abdou Rafiou, a dressé un bilan positif de l’institution sur la période 2019 à 2024. Au total, 1 631 dossiers ont été traités, dont 104 transmis au Procureur spécial. Par ailleurs, 850 dossiers ont été partagés avec plusieurs institutions partenaires : la Direction générale des impôts (DGI), la Brigade économique et financière, la Brigade criminelle, ainsi que le Centre national des investigations numériques (CNIN, ex-OCRC). En 2024, les rapports transmis à la DGI ont notamment permis d’effectuer des redressements fiscaux ayant abouti à la récupération de près de 4,9 milliards de FCFA auprès de contribuables indélicats.