Le rapport Afrobaromètre 2025 publié le mercredi 13 août dernier, fait état, d’une tendance baissière de la liberté sur le continent africain. Le document met surtout en lumière le niveau de déclin de la démocratie dans plusieurs pays du continent. Toutefois, en Afrique, l’engagement politique demeure fort, d’après l’Afrobaromètre 2025.
Belmondo ATIKPO
Le dernier rapport Afrobaromètre, qui analyse les perceptions et comportements politiques de plus de 50 000 citoyens à travers 39 pays, souligne une tendance alarmante : la confiance envers les mécanismes traditionnels de la démocratie s’effrite. Cette situation se traduit notamment par : une diminution marquée de la satisfaction à l’égard du fonctionnement démocratique ; une montée des régimes autoritaires, incluant coups d’État et restrictions des libertés civiles ; un affaiblissement des partis politiques traditionnels et une polarisation renforcée et une augmentation de la répression politique dans certains pays. Ces phénomènes alimentent ce que les experts désignent comme un déclin démocratique préoccupant, qui met à mal la stabilité et la légitimité des gouvernements africains. Ce recul interpelle sur la nécessité de repenser les cadres institutionnels et la nature même des transitions démocratiques, comme mentionné dans les analyses sur les limites de la démocratie représentative.
Depuis 2020, plusieurs pays d’Afrique francophone notamment le Mali, le Burkina Faso, le Niger, la Guinée et le Gabon ont connu des coups d’État. Parallèlement, certains dirigeants civils ont renforcé leur emprise en modifiant la Constitution ou en contournant les règles démocratiques. À l’échelle continentale, des indicateurs comme ceux du V-Dem Institute confirment cette tendance : pour la première fois depuis des années, les régimes autoritaires sont plus nombreux que les démocraties. Au-delà du vote, de nombreux Africains participent à des réunions communautaires, discutent de politique et s’impliquent dans des initiatives locales. Cette mobilisation traduit un attachement profond à la vie publique et laisse entrevoir un potentiel de renouveau, à condition que les institutions se montrent plus transparentes et à l’écoute des attentes des populations.
La pauvreté en hausse sur le continent
Le nouveau rapport de l’Afrobaromètre confirme que la forte croissance économique des dix dernières années a eu un impact minimal sur la pauvreté et que les pays ouest africains comptent parmi les pays ayant les taux de privation les plus élevés. Ce document présente les données du Round 5 de l’Afrobaromètre, rassemblées à partir 34 pays entre octobre 2011 et juin 2013. Contrastant avec les taux de croissance du PIB et les autres moyens de mesures classiques, l’Afrobaromètre analyse « la pauvreté vécue », mesurée aux termes d’enquête par une série de questions qui montre comment les personnes sont obligées de vivre sans les produits de première nécessité. Environ une personne enquêtée sur cinq déclare avoir fait l’expérience de privations récurrentes au cours de l’année passée. Environ 17% déclarent avoir vécu sans nourriture suffisante, lorsque 21% déclarent avoir manqué d’eau potable et 20% de médicaments ou de soins médicaux. Selon l’Afrobaromètre, les plus hauts niveaux de pauvreté vécue se trouvent au Burundi, en Guinée, au Niger, au Sénégal et au Togo. Le rapport conclut que les investissements dans les infrastructures et les services sociaux sont fortement liés aux faibles taux de pauvreté vécue, lorsque les pays connaissant ou sortant d’un conflit tendent à présenter les taux de privation les plus élevés.