L’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), multiplie les initiatives pour la mise en place d’un espace économique harmonisé et intégré, au sein duquel est assurée une totale liberté de circulation des personnes, des capitaux, des biens, des services et des facteurs de production. Pour l’atteinte de ses nobles visions, l’institution communautaire vient de rendre publique sa feuille de route à l’horizon 2030.
Belmondo ATIKPO
Le Plan Stratégique 2025-2030 de la Commission représente un jalon essentiel dans le processus de réalisation de la Vision 2040 de l’UEMOA. Ainsi, face aux défis majeurs liés, entre autres, au contexte sécuritaire, à l’emploi des jeunes et aux crises géopolitiques, la Commission de l’UEMOA, Organe exécutif de l’Union, doit coordonner les réponses idoines et se projeter sur l’avenir. C’est dans ce contexte que la Commission de l’UEMOA a pris l’initiative de la formulation d’une Vision pour l’Union et d’un nouveau Plan Stratégique pour mieux mener ses actions.
Le but recherché à travers cette feuille de route, est de disposer d’un nouvel outil de pilotage stratégique, d’alignement des actions prioritaires de la Commission tout en restant en parfaite cohérence avec la Vision et les orientations des plus hautes Autorités de l’Union. Ainsi, le « Plan Stratégique 2025-2030 de la Commission IMPACT 2030 », formule la Vision de la Commission à l’horizon 2030, de même que les valeurs organisationnelles qui vont guider et assurer la cohérence des actions prioritaires. Le Plan Stratégique est conçu autour de 5 axes qui se déclinent en 12 programmes : un axe central avec 3 programmes sectoriels, pour développer les écosystèmes de production qui seront le socle et les moteurs de croissance d’une UEMOA compétitive en 2040. Le diagnostic stratégique de l’UEMOA a mis en exergue 13 écosystèmes à fort potentiel, couvrant les principaux pans de l’économie en l’occurrence les chaînes de valeur agroindustrielles, les industries légères et extractives ainsi que les services à valeur ajoutée.
Pour favoriser le développement de ces 13 écosystèmes, la Commission de l’UEMOA se positionnera comme un catalyseur au niveau régional, rassemblant les principaux acteurs des filières de ces écosystèmes (secteur privé, Administrations nationales et institutions régionales, partenaires internationaux) autour d’une vision partagée, d’un programme régional et d’un dialogue continu pour sa mise en œuvre. Cet axe comprend trois programmes : Agro-industries, Industries légères et extractives et Services à valeur ajoutée. Dans ces écosystèmes, la Commission se positionnera, non plus seulement comme un laboratoire de conception de politiques d’intégration, mais également comme un laboratoire et un modèle avancé de leur mise en œuvre. Pour cela, 3 axes supports appuieront le développement de ces écosystèmes : un axe « Infrastructures » avec 4 programmes, un axe « Développement humain et citoyenneté » constitué d’un programme et un axe « Fondements de l’intégration » de trois 3 programmes.
Un outil innovant
L’axe « Infrastructures » permettra de mieux connecter les zones de production et les marchés de l’UEMOA, favorisera une baisse sensible du coût des facteurs de production (énergie, logistique) et facilitera l’accès au foncier industriel, notamment à travers des zones industrielles dédiées. Dans ce cadre, 18 grands travaux d’infrastructures de l’UEMOA ont été identifiés, dont la Commission appuiera la préparation et la mise en œuvre à travers 4 programmes : Transports, Infrastructures industrielles et agricoles, Énergie et Numérique. L’axe « Développement humain et citoyenneté » vise le renforcement du capital humain de l’UEMOA. Articulé en un grand programme, il comprend quatre volets : l’enseignement supérieur et la formation professionnelle, la santé et la protection sociale, la promotion de l’égalité des genres et la jeunesse et la citoyenneté. Il contribuera en particulier au développement dans l’Union d’un capital humain de qualité pour le développement des écosystèmes de production.
L’axe « Fondements de l’intégration » couvre les missions de base de la Commission, à savoir la mise en place d’un marché commun et l’harmonisation des politiques économiques, auxquelles s’ajoute le nouvel enjeu clé de la Paix et de la Sécurité. Chacune de ces missions fera l’objet d’un programme. Un dernier axe « Gouvernance institutionnelle » qui comprend un programme permettra d’aligner l’organisation de la Commission à cette nouvelle stratégie, afin qu’elle soit en mesure de jouer pleinement son rôle de locomotive de l’intégration. En effet, le nouveau Plan Stratégique exige une Commission plus agile. Cet axe constitue ainsi la fondation sans laquelle les autres programmes pourront difficilement être mis en place. Dans ce cadre, la Commission devra se réformer, dans le cadre d’un Plan de transformation de 24 mois, qui l’aidera à mettre à niveau son système d’information, à dynamiser sa gestion des ressources humaines, à fluidifier son fonctionnement et à se repositionner comme le chef d’orchestre de politiques régionales à fort impact, impliquant étroitement le secteur privé régional. L’un des premiers objectifs du Traité de l’UEMOA est de renforcer la compétitivité des activités économiques et financières des États membres, dans le cadre d’un marché ouvert et concurrentiel, et d’un environnement juridique rationalisé et harmonisé. 30 ans après sa création et malgré les progrès réalisés, ce défi reste constant. Ainsi, la balance commerciale est structurellement déficitaire et la mise en place d’un marché commun n’a pas encore favorisé l’émergence dans l’UEMOA de filières régionales intégrées et compétitives.