La capitale économique du Cotonou a abrite, du 22 au 24 mai, un atelier de haut niveau autour de l’initiative G20 Compact with Africa (CwA). Pendant trois jours, divers acteurs ont échangé pour renforcer l’engagement dans la mobilisation des ressources intérieures dans les pays africains signataires du Pacte. L’atelier a été organisé grâce au soutien du Centre africain pour la transformation économique (Acet), du gouvernement béninois, de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement (Bad) et d’autres collaborateurs.
Abdul Wahab ADO
Favoriser l’apprentissage entre pairs, partager les meilleures pratiques et élaborer des stratégies concrètes visant à renforcer les efforts de mobilisation des recettes intérieures dans les pays du Compact avec l’Afrique (CwA) c’est-à-dire en Afrique subsaharienne et du centre. Tels sont les objectifs de l’atelier de haut niveau autour de l’initiative G20 Compact with Africa (CwA).
A l’occasion du lancement, Mamadou Tanou Balde représentant de la Banque mondiale au Bénin, a salué les réformes entreprises par le Bénin depuis 2016. Il note qu’à travers la modernisation de l’administration fiscale, la digitalisation et la simplification des procédures, le pays a su inverser une tendance inquiétante. De 11,1 % du Pib en 2016, les recettes fiscales ont atteint environ 15 % en 2024, malgré une baisse progressive de l’aide publique au développement (passée de 0,8 % à 0,4 % du Pib). Le Bénin a maintenu sa dynamique, a-t-il dit. Pour lui, le taux de croissance économique du pays reste l’un des plus élevés de la région sur la période 2020-2024. Cependant, des efforts restent à fournir pour atteindre la moyenne africaine (15 %) et viser à terme un taux de mobilisation de 20 % du Pib, a souligné le représentant de la Banque mondiale. Il a aussi insisté sur la nécessité d’élargir la base fiscale en luttant contre l’informalité et en mobilisant davantage l’épargne nationale. Le groupe de la Banque mondiale reste disponible pour accompagner le Bénin, a-t-il ajouté.
Pour Andreas Beckermann, chef de la Coopération allemande au Bénin, le Compact with Africa, lancé en 2017 par l’Allemagne et l’Afrique du Sud, repose sur la mobilisation des ressources domestiques. L’objectif est de créer un environnement de confiance, propice aux investissements durables. « Elle intervient notamment au Bénin à travers la Giz et le programme « Réforme », avec un accent mis sur les priorités définies par l’administration béninoise elle-même », fait-il savoir. Ce soutien, d’après lui, s’inscrit aussi dans une vision régionale. La coopération inter-étatique à travers des plateformes comme l’Afritac (appuyée par le Fmi) est encouragée afin de mutualiser les expériences et les bonnes pratiques en matière de politique économique et fiscale.
Créer un système fiscal plus équitable et plus performant
Avant de lancer les travaux, au nom du ministre d’État chargé de l’Économie et des Finances du Bénin, la ministre de l’Industrie et du Commerce, Shadiya Assouman, a rappelé l’importance d’une mobilisation accrue des ressources domestiques dans le contexte actuel. Pour elle, les défis auxquels les pays africains sont confrontés, qu’ils soient économiques, sociaux ou environnementaux, imposent des réponses coordonnées, novatrices et audacieuses. Elle a souligné que l’un des grands enjeux est de créer un système fiscal plus équitable et plus performant. Cela passe par le renforcement des capacités administratives, la lutte contre l’évasion fiscale, et l’implication accrue du secteur privé. Les partenariats public-privé, l’ouverture à l’épargne nationale et les innovations financières sont autant de pistes à explorer. La ministre a exhorté les participants à saisir cette opportunité d’échanges pour s’inspirer des expériences de leurs homologues et adapter des solutions concrètes à leurs contextes nationaux. La ministre a également exprimé sa gratitude envers les pays du G20 et les partenaires techniques et financiers pour leur soutien constant. L’atelier de Cotonou ne se limite pas à un simple partage d’expériences. Il s’inscrit dans une dynamique stratégique plus large qui est celle de construire, avec les pays africains, des économies résilientes, souveraines et capables de financer leur propre développement. La Banque mondiale, à travers son nouveau cadre de partenariat en cours de finalisation, promet un accompagnement sur dix ans, avec un accent particulier sur la mobilisation des ressources, l’implication du secteur privé, et la promotion de politiques publiques durables. Cette vision est également partagée par les autres partenaires techniques et financiers présents. u cours des trois jours, les experts de divers pays africains ont discuté de l’élaboration de mécanismes et de stratégies visant à dynamiser la collecte des ressources financières internes. Les échanges ont été enrichis par des communications et des recommandations.