Du 08 au 11 mai 2025, Cotonou a accueilli la 6ème conférence internationale Afrique sur le thème » Comment penser les souverainetés africaines dans un contexte fracturé et incertain ?». Divers responsables financiers des institutions africaines et sous régionales, acteurs de la société civile et des universitaires ont participé aux échanges.
Abdul Wahab ADO
Un nouveau départ s’annonce pour le financement du développement des pays africains. C’est dans cette dynamique que s’est tenue à Cotonou la 6ème conférence internationale Afrique du Groupe Initiative Afrique. Dans son mot introductif au lancement des échanges, Jean Louis EKRA, ancien président de l’Afreximbank a souligné un contexte mondial marqué par des mutations profondes et des incertitudes grandissantes, une recrudescence des conflits à travers le monde. Il a rappelé également les défis auxquels les pays africains font face. Présent aux échanges, Sidi Ould Tah, ancien président de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), a mis l’accent sur les points relatifs aux difficultés des Etats africains, la révolution démographique, de la technologie notamment l’intelligence artificielle, le manque de financement du développement…. La 5ème révolution industrielle sera africaine, a-t-il ajouté. Tout en saluant les efforts du gouvernement Talon dans l’éducation notamment la formation technique et professionnelle, il a invité les autres pays à suivre l’exemple du Bénin.
Avant de lancer les travaux, Abdoulaye Bio Tchané, ministre d’Etat chargé du développement et de la coordination de l’action gouvernementale a, au nom du Président de la République du Bénin, Patrice TALON, et au nom du peuple béninois, souhaité la bienvenue à Cotonou. « Le Bénin est honoré d’abriter cette sixième Conférence internationale du Groupe Initiative Afrique. Le monde vacille sous l’effet d’une polycrise : déséquilibres géopolitiques, dérèglement climatique, instabilité financière, repli identitaire, fracture numérique. Et comme l’écrivait Antonio Gramsci, ‘’ la crise, c’est quand l’ancien se meurt et que le nouveau ne peut pas naître ‘’. L’Afrique se trouve précisément à ce carrefour. Et si nous sommes ici, c’est pour dire qu’elle ne doit pas y rester spectatrice. Elle doit s’y ériger stratège.
Penser les souverainetés africaines dans ce monde fracturé et incertain, ce n’est pas une simple question de pouvoir. C’est une urgence stratégique. Car l’histoire nous a appris que dans les périodes d’instabilité, ceux qui n’ont pas de souveraineté sont condamnés à subir les volontés des autres », a laissé entendre le ministre d’Etat. Représentant le président Patrice Talon, le ministre d’Etat, a rappelé que « La souveraineté africaine ne saurait se limiter à la souveraineté territoriale ou à l’indépendance politique proclamée il y a plus de soixante ans. Aujourd’hui, elle se décline au pluriel : souveraineté économique, alimentaire, numérique, monétaire et culturelle et autres. Elle devient même existentielle, dans un monde de plus en plus marqué par la compétition pour les ressources, l’attention, et la norme ». En rappelant les nombreux obstacles des pays africains que sont : la Fracture géopolitique, une multiplication de conflits gelés ou ouverts, une fragmentation des alliances et un affaiblissement du multilatéralisme ; La Fracture économique et technologique ; La Fracture environnementale ; La Fracture de la confiance et enfin, la fracture sécuritaire, souvent la plus urgente ; le ministre d’Etat a précisé qu’« aucun projet de développement, aucune stratégie souveraine ne peut prospérer sur un lit d’insécurité ».
Les leviers pour construire les souverainetés

Dans son intervention, Abdoulaye Bio Tchané, ministre d’Etat chargé du développement et de la coordination de l’action gouvernementale a levé un coin de voile sur quelques défis à relever. Il s’agit de : Réindustrialiser les économies africaines, avec intelligence et audace ; Renforcer les capacités scientifiques, technologiques et humaines ; Construire une souveraineté collective, à l’échelle régionale et continentale et Cultiver la souveraineté par la confiance : démocratie, redevabilité, inclusion. « Penser nos souverainetés, c’est aussi projeter nos propres futurs. Refuser le piège de la fatalité ou du mimétisme », a indiqué le ministre d’Etat. A l’issue des communications, les participants ont fait des recommandations.