Porté par le commerce, la construction et les services financiers, l’emploi a progressé en mars au Bénin. Mais cette dynamique reste contrastée, freinée par les difficultés de certains secteurs et la persistance du travail informel.
Aké MIDA
Le marché de l’emploi au Bénin affiche des signes de résilience et de progression en mars 2025, avec un indice global de l’emploi dans les grandes entreprises en hausse de 2,1 % par rapport au mois précédent, selon la dernière Synthèse conjoncturelle de la direction de la Prévision et de la Conjoncture économique (Dpc/Dge). En glissement annuel, la progression de l’emploi atteint 6,9 %, ce qui reflète un renforcement progressif du tissu économique formel.
Ce dynamisme de l’emploi est particulièrement marqué dans le commerce qui enregistre une hausse de l’emploi de 10 % par rapport à février 2025, porté par l’activité de distribution et une consommation intérieure qui se maintient malgré l’inflation (1,4 % sur un an), selon la Dpc. Le secteur des Btp (Bâtiment et travaux publics) connaît une croissance remarquable de 9,9 %, preuve d’un regain des investissements dans les infrastructures. Les autres industries manufacturières affichent une progression de 11,5 %, signalant une diversification industrielle en cours.
Le secteur financier n’est pas en reste, avec les banques et systèmes financiers décentralisés (Sfd) où l’emploi croit de 2,8 % et les autres activités financières (+2,5 %). En revanche, il est noté un léger tassement dans l’assurance (-0,9 %).
Cette embellie masque toutefois des disparités sectorielles marquées et des défis structurels persistants.
Secteurs en recul et précarité latente
Plusieurs branches connaissent une baisse sensible de l’emploi, ce qui illustre la fragilité de certains segments de l’économie. C’est le cas de l’hébergement et la restauration dans lesquels l’emploi s’effondre de 15,6 %, en lien probable avec la saisonnalité, mais aussi une lente reprise post-Covid encore incomplète.
De même, l’agriculture et les activités de soutien, pourtant majeures dans l’économie béninoise, affichent un recul de l’emploi de 5,3 %, ce qui interroge sur la capacité du secteur rural à absorber la main-d’œuvre excédentaire. Les autres services reculent également de 6,1 %, peut-être en lien avec une digitalisation accrue et une rationalisation des coûts.
A ces disparités sectorielles, s’ajoutent la prédominance du secteur informel et la faiblesse structurelle de l’emploi des jeunes qui montrent que cette tendance reste fragile. Environ 90 % des actifs occupés exercent dans le secteur informel, selon l’Institut national de la statistique et de la démographie (Instad). Le rapport du Pnud 2023 sur le développement humain soulignait que le taux de chômage chez les jeunes de 15 à 35 ans est supérieur à 14 %, avec des taux de sous-emploi avoisinant les 70 %. L’adéquation entre formation et emploi, ainsi que la création d’emplois décents, demeurent des priorités.
La mise en œuvre des réformes en cours, notamment en matière de facilitation des affaires, de développement de la formation technique et professionnelle, et de soutien à l’auto-emploi, sera déterminante pour traduire ces chiffres en amélioration durable de la situation de l’emploi et du bien-être socio-économique des populations de manière générale.
Une dynamique soutenue par le contexte macroéconomique
Le regain de l’emploi s’inscrit dans un contexte économique national relativement stable. Cette progression de l’indice traduit une dynamique de relance, en lien avec l’amélioration générale de l’activité économique nationale, marquée par une croissance de 8,5 % de l’indice du chiffre d’affaires (Ica) sur la même période, tiré notamment par le secteur des Btp (+133,6 %), le commerce (+25 %), les télécommunications (+17,7 %) et la finance. La perception des chefs d’entreprise est globalement positive : l’indicateur synthétique des soldes d’opinion ressort à 0,06, signalant une confiance modérée mais réelle des acteurs économiques.
Au niveau international, la conjoncture reste favorable. Le Nigeria, principal partenaire économique du Bénin, affiche un Pmi (indice des directeurs d’achat) de 54,3, signe d’expansion. Ce dynamisme régional pourrait continuer à tirer les échanges transfrontaliers et l’activité logistique béninoise, notamment au Port de Cotonou.
