Le monde fait face à une incertitude économique d’ampleur, selon le Fmi. Les pays sont appelés à accélérer leurs réformes structurelles et à restaurer des marges budgétaires, sous peine de voir s’éloigner les objectifs de croissance et de réduction de la pauvreté.
Aké MIDA
Le Rapport annuel 2025 du Fonds monétaire international (Fmi) dresse un constat sans ambages : l’économie mondiale évolue dans un contexte d’incertitude exceptionnelle, marqué par une recomposition du commerce, des tensions géo-économiques et des risques accrus pour la stabilité financière.
L’institution invoque la conjonction de plusieurs chocs. Outre les conflits persistants et les grandes mutations qui rendent l’environnement économique plus imprévisible, elle souligne que les évolutions technologiques et la révolution de l’intelligence artificielle ouvrent de nouvelles perspectives, mais exigent des ajustements considérables. Les catastrophes naturelles et la multiplication des événements météorologiques extrêmes continuent par ailleurs de générer des coûts macroéconomiques élevés pour de nombreux pays.
Les tensions commerciales et les droits de douane qui les accompagnent, exacerbent les risques de faible croissance et d’endettement élevé, ajoute le Fmi. En avril, le Fonds a revu à la baisse ses prévisions de croissance mondiale à 2,8 % pour 2025 et 3 % en 2026, et les prévisions de croissance à cinq ans sont au plus bas niveau depuis des décennies.
Risques pour la stabilité financière
Certes, l’inflation mondiale reflue, mais plus lentement et de façon plus hétérogène qu’attendu. Sur le plan de la dette publique, le Fmi relève qu’elle a franchi des niveaux historiques. Le rapport évoque une dette globale dépassant les 100 000 milliards de dollars en 2024. Le ratio dette/Pib mondial pourrait avoisiner 100 % d’ici la fin de la décennie, alerte l’institution. Le déficit budgétaire moyen mondial s’établit à 5,1 % du produit intérieur brut (Pib) et la dette publique a progressé d’environ un point de Pib, comprimant davantage l’espace budgétaire pour les investissements sociaux et d’infrastructure.
Les pays à faible revenu sont particulièrement exposés, eux qui après avoir résisté à la pandémie de Covid-19 et aux répercussions de la guerre russo-ukrainienne, s’efforcent de mettre en œuvre des réformes indispensables mais difficiles pour rétablir la stabilité macroéconomique.
Dans ces conditions, les objectifs de convergence des revenus et de réduction de la pauvreté risquent de s’éloigner, prévient le Fmi. L’institution exhorte les pays à faible marge de manœuvre financière à prioriser et parfois réformer des programmes coûteux (retraites, subventions énergétiques) ou à envisager des restructurations de dette si la viabilité budgétaire n’est plus assurée.
Un agenda de réformes
Le rapport insiste sur la montée des vulnérabilités, telles que les valorisations élevées d’actifs, l’effet de levier des gestionnaires d’actifs non bancaires, l’interdépendance banques-Etats et la hausse des primes de risque souverain.
Le Fmi appelle à renforcer la surveillance des acteurs non bancaires, à appliquer pleinement les normes prudentielles et à mettre en place des instruments de liquidité utilisables en cas de tensions. Il plaide pour un rééquilibrage budgétaire progressif passant par la réduction des dépenses non prioritaires, l’élargissement de l’assiette fiscale et la suppression graduelle des subventions inefficaces.
Pour accroître la productivité et relancer la croissance, les pays doivent aussi simplifier leurs systèmes fiscaux, améliorer leur environnement des affaires, approfondir leurs marchés de capitaux et investir dans le numérique comme dans le développement des compétences.
Enfin, le renforcement de la résilience financière appelle à la constitution de marges budgétaires, l’accumulation de réserves de change et le respect strict des règles prudentielles. Le Fmi insiste également sur la nécessité d’une coopération internationale accrue pour apaiser les tensions commerciales, faciliter les restructurations de dette et mobiliser des ressources additionnelles pour les financements concessionnels. Ils doivent également améliorer leurs systèmes numériques, accroître leurs mains-d’œuvre et approfondir leurs marchés de capitaux.

