Avec le Programme d’appui au développement économique des collectivités territoriales (Padect), le Bénin engage une nouvelle étape de sa décentralisation économique. Financée à hauteur de 76,7 milliards F Cfa par la Bad, cette initiative se veut un instrument de transformation profonde des communes et de promotion d’une croissance inclusive, résiliente et numérique.
Aké MIDA
Le Programme d’appui au développement économique des collectivités territoriales (Padect) ne se résume pas à un simple programme d’investissement public. Il propose une approche intégrée du développement local, en misant sur la gouvernance territoriale, la compétitivité économique, la transition numérique et la résilience climatique.
En approuvant, fin octobre, un financement de 117 millions d’euros, soit 76,7 milliards F Cfa, pour sa mise en œuvre sur la période 2026-2031, le Conseil d’administration du Groupe de la Banque africaine de développement (Bad) entend contribuer à faire des 77 communes du Bénin des espaces dynamiques capables de générer de la valeur ajoutée et de l’emploi.
Le programme introduit un financement axé sur la performance, rompant ainsi avec la logique traditionnelle de subventions sans conditions. Les communes bénéficieront de ressources en fonction de leurs résultats concrets dans la gestion, la planification et la mise en œuvre de projets à impact local. C’est une manière innovante d’inciter les administrations locales à plus d’efficacité, de transparence et de redevabilité.
Aligné sur la Politique nationale de décentralisation et de déconcentration 2024-2033 et sur la vision stratégique « Bénin 2060 Alafia », le Padect s’inscrit dans la continuité du Plan national de développement et du Programme d’actions du gouvernement.
Pour Robert Masumbuko, responsable du bureau pays de la Bad, « Ce projet est le tout premier financement sous-national de la Banque au Bénin. Il témoigne de la confiance placée dans la capacité du pays à piloter ses collectivités vers un développement durable et autonome ».
Catalyseur de compétitivité
En dotant les communes d’outils modernes et de moyens renforcés, le Padect vise à créer un environnement favorable aux affaires et à l’investissement privé. Les Petites et moyennes entreprises (Pme), en particulier celles dirigées par des femmes, bénéficieront d’un meilleur accès au financement par l’intermédiaire de l’Agence de développement des Pme et du Fonds d’investissement et de garantie des Pme.
Le volet numérique du programme constitue un autre levier majeur. Il prévoit le déploiement d’infrastructures de télécommunications dans 89 établissements publics et l’extension du réseau mobile à 114 localités jusque-là isolées. La création de points numériques communautaires offrira aux populations un accès abordable à Internet et à des services administratifs modernisés. A terme, cette digitalisation renforcera la transparence de la gestion publique, tout en stimulant l’innovation locale dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’agriculture.
Le Padect se distingue également par son accent sur la durabilité et l’inclusion. En finançant des projets municipaux de prévention climatique et de protection de l’environnement, il contribue à renforcer la résilience des territoires face aux aléas climatiques. Les interventions prévues par le Fonds national pour l’environnement et le climat et le Fonds national de réponse aux catastrophes viseront notamment la restauration des écosystèmes dégradés et la réduction des risques de catastrophes naturelles.
L’égalité de genre est au cœur du dispositif. Le programme prévoit une représentation féminine d’au moins 30 % dans ses organes et dans les activités financées. Les femmes seront également des actrices clés des initiatives économiques et environnementales locales, contribuant ainsi à une croissance plus équitable.
Outil de changement durable
Au-delà des projets, le Padect cherche à consolider les capacités institutionnelles des acteurs publics et territoriaux. La Cellule de suivi des programmes économiques et financiers, la direction du Financement du développement et les structures de régulation des marchés publics seront renforcées pour assurer une mise en œuvre efficace, transparente et durable.
Selon le rapport d’évaluation environnementale et sociale publié par la Banque africaine de développement (Bad) en juin 2025, le programme présente un risque modéré, mais les garde-fous nécessaires sont en place. Des mécanismes de concertation locale, de gestion des déchets numériques et de prévention des violences basées sur le genre accompagneront le déploiement des actions.
En favorisant la compétitivité des territoires, la transition numérique et la résilience écologique, le Padect s’impose comme un outil de changement durable. Il ne s’agit plus seulement de transférer des ressources vers les communes, mais de bâtir une véritable économie territoriale, capable de soutenir la croissance nationale et de réduire les disparités régionales.
Le Bénin fait ainsi le choix d’une transformation par le bas, en dotant les collectivités des moyens de devenir les acteurs centraux de la prospérité locale. Le Padect se présente non pas comme un projet isolé, mais comme un levier stratégique pour faire des territoires béninois des pôles d’innovation, de compétitivité et de bien-être durable.

