Le Bénin affiche des progrès notables en matière de développement durable, grâce à une stratégie articulée autour de l’industrialisation, du capital humain et de la résilience climatique. Mais les défis financiers et environnementaux rappellent l’ampleur du chemin à parcourir.
Aké MIDA
Avec un taux de croissance de 7,5 % enregistré en 2024, selon l’Institut national de la statistique et de la démographie (Instad), le Produit intérieur brut (Pib) du Bénin dépasse largement la moyenne de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Cette performance repose sur trois piliers essentiels à savoir l’agriculture (26 % du Pib), les services (49 %) et l’industrie (23 %).
En fait, l’agriculture demeure le socle de l’économie béninoise. Plusieurs initiatives traduisent la volonté du gouvernement de concilier productivité agricole et sécurité alimentaire. Entre 2020 et 2023, la production de riz a bondi de 406 000 à 712 000 tonnes, tandis que celle de maïs atteignait 1,7 million de tonnes. Mais l’innovation majeure réside dans la transformation de l’anacarde. En trois ans, la proportion transformée localement est passée de 19 % à plus de 40 %, réduisant la dépendance aux exportations brutes.
La Zone industrielle de Glo-Djigbé (Gdiz) devenue vitrine de l’industrialisation, illustre la nouvelle dynamique enclenchée. Avec 1,4 milliard de dollars d’investissements et déjà 31 industries installées, elle a permis de créer 6 714 emplois et d’exporter les premiers produits estampillés « Made in Benin ». Cette zone économique spéciale s’impose progressivement comme un levier d’intégration dans la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).
Une résilience en construction
Exposé aux aléas climatiques, le Bénin a multiplié les initiatives pour renforcer sa résilience. Des programmes d’assainissement urbain et d’accès à l’eau potable avec plus de 43 000 bénéficiaires directs contribuent à la sécurité sanitaire et environnementale. Des projets de protection côtière visent également à contenir l’érosion marine, une menace croissante pour les communautés riveraines.
Malgré des défis persistants, des avancées sociales sont perceptibles. Le taux de pauvreté a reculé de 38,5 % en 2019 à 36,2 % en 2022. L’accès aux soins et à l’éducation s’améliore notamment en zones rurales, tandis que des programmes de protection sociale (assurance maladie, formation et crédit) soutiennent les ménages vulnérables. Le programme national de cantines scolaires bénéficie déjà à 1,2 million d’enfants, contribuant à la fois à la nutrition et à la scolarisation.
Par ailleurs, l’inflation est restée contenue à 1,2 % en 2024, un niveau rare dans la sous-région, tandis que le déficit budgétaire s’est réduit à 3 % du Pib, respectant ainsi pour la première fois en cinq ans le critère de convergence de l’Uemoa. Ces résultats témoignent d’une meilleure discipline budgétaire et d’une résilience accrue face aux chocs exogènes.
Un déficit de financement
Les investissements massifs dans les infrastructures contribuent à renforcer la compétitivité du pays. L’accès à l’électricité est passé de 36,5 % en 2020 à près de 40 % en 2023, et les projets routiers réduisent sensiblement les temps de déplacement, facilitant le commerce transfrontalier.
Si les acquis en matière de développement durable sont indéniables, les besoins de transformation structurelle demeurent colossaux. Selon la Banque africaine de développement (Bad), le Bénin doit combler un déficit de financement annuel de 2,43 milliards de dollars, soit près de 1500 milliards F Cfa jusqu’en 2030, pour concrétiser ses ambitions en matière de développement durable. Ce déficit persistant représente environ 5 % du Pib et souligne l’urgence de mobiliser davantage de partenariats, d’attirer les investissements privés et d’innover dans les financements verts.
Au-delà de la mobilisation des recettes intérieures et de la diaspora, les experts recommandent la mise en place d’un Système de comptabilité économique et environnementale afin de mieux valoriser le capital naturel et de guider les choix budgétaires.
A travers son Programme d’action 2021–2026, le Bénin confirme son ambition de bâtir une économie industrialisée, inclusive et résiliente. Les résultats obtenus démontrent une orientation claire vers les objectifs de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, même si la soutenabilité financière et la gestion des risques climatiques restent les principaux défis à relever pour transformer ces acquis en un développement véritablement durable.

Photo : Avec une croissance robuste, une transformation agricole soutenue et des investissements industriels et sociaux majeurs, le Bénin engrange des avancées notables en développement durable.