La croissance de l’Afrique subsaharienne s’est raffermie en 2024, malgré un environnement mondial toujours incertain, grâce notamment au recul de l’inflation et à la stabilisation des économies. Toutefois, la pauvreté persiste, rappelant la nécessité d’un changement de paradigme.
Aké MIDA
La croissance économique de l’Afrique subsaharienne devrait atteindre 3,8 % en 2025, contre 3,5 % en 2024, selon la Banque mondiale. Cette amélioration repose sur la baisse de l’inflation, la stabilisation des monnaies locales et une reprise de la consommation et de l’investissement privés, indique le dernier rapport Africa’s Pulse (32e édition). Les prévisions pour 2025 ont d’ailleurs été relevées de 0,3 point par rapport à celles d’avril, traduisant une amélioration dans 30 pays sur 47.
Cette embellie intervient dans un contexte de fortes incertitudes économiques et géopolitiques. La région a été relativement épargnée par la hausse des droits de douane américains, mais elle subit les effets du resserrement du financement extérieur et du repli des investisseurs internationaux. Le service de la dette extérieure a plus que doublé au cours de la dernière décennie, atteignant 2 % du Pib en 2024, indique la Banque mondiale. Près de la moitié des pays d’Afrique subsaharienne, soit 23 États sur 47, sont désormais en situation de surendettement ou exposés à un risque élevé.
Malgré les efforts d’assainissement budgétaire, les dépenses d’intérêts absorbent jusqu’à 3,3 % du Pib, souvent au détriment de la santé et de l’éducation. Les gouvernements se trouvent ainsi contraints de réaffecter des ressources vitales pour financer le remboursement de la dette, limitant leur marge de manœuvre pour les investissements sociaux et productifs.
Inflation maîtrisée, mais pauvreté persistante
L’inflation qui avait atteint 9,3 % en 2022, a nettement reculé pour s’établir à 4,5 % en 2024 et devrait se stabiliser autour de 4 % entre 2025 et 2026. Pour la première fois depuis plusieurs années, près de 60 % des pays africains enregistrent une inflation à un chiffre. Ce reflux s’explique notamment par la baisse des prix du pétrole et des denrées alimentaires ainsi que par la stabilisation des taux de change.
Cette accalmie n’est toutefois pas suffisante pour transformer la situation sociale. Le revenu réel par habitant ne progresserait que de 1,3 % en 2025, et le taux de pauvreté, mesuré à 3 dollars par jour en parité de pouvoir d’achat, ne devrait reculer que marginalement, passant de 50 % en 2024 à 48,4 % en 2027. La croissance actuelle demeure donc trop faible pour réduire sensiblement l’extrême pauvreté.
Par ailleurs, le rapport signale un autre défi majeur : la création d’emplois, alors que l’Afrique subsaharienne connaît la transformation démographique la plus rapide du monde. A long terme, la vitalité de cette population jeune pourrait constituer un atout pour la croissance, à condition d’en faire un véritable levier d’inclusion économique et sociale.

