Le samedi 24 mai 2025 à Dado, dans la commune de Bopa, en partenariat avec l’Association des cultes endogènes de Bopa Centre, l’ONG Eco-Benin, mêlant savoirs traditionnels et enjeux climatiques, a procédé à la sacralisation de 30 hectares de mangroves du Lac Ahémé. L’objectif n’est autre que de promouvoir l’écologie des rives, portée par ceux qui y vivent.
Sylvestre TCHOMAKOU
Face à la dégradation continue des écosystèmes du Lac Ahémé, l’Ong Eco-Bénin et l’Association des Cultes Endogènes de Bopa Centre, se mobilisent pour préserver les mangroves, barrières naturelles contre l’érosion, refuges pour les poissons et oiseaux, et protectrice de la survie de nombreuses espèces. Samedi 24 mai, dans la commune de Bopa (village de Dado), les deux parties ont érigé 30 hectares de mangroves en sanctuaire naturel sous la protection spirituelle de Zangbéto, symbole de surveillance et d’ordre dans la cosmogonie Vodun. Intervenant dans un contexte de destruction massive et accélérée des ressources du Lac Ahémé, cette alliance entre écologie et culture se veut de redonner du souffle à la conservation communautaire. Mieux, cette démarche spirituelle vise à renforcer la protection durable des berges du Lac Ahémé, menacées par l’exploitation abusive des ressources naturelles. Deuxième plus grand plan d’eau du Bénin, le Lac Ahémé est une source de vie pour des milliers de familles. Il abrite une biodiversité avec de nombreuses espèces de poissons, d’oiseaux migrateurs, de plantes aquatiques et de mangroves. C’est aussi un lieu chargé de symboles spirituels et de rites ancestraux pratiqués depuis des générations.

La sacralisation de ces espaces, selon Eco-Bénin, s’inscrit dans une logique de reconnaissance juridique et communautaire, appuyée par : l’arrêté communal du 29 septembre 2023 instituant l’Aire Communautaire de Conservation de la Biodiversité (ACCB) du Lac Ahémé ; l’arrêté préfectoral du Mono du 30 juin 2023, interdit toute exploitation des mangroves dans le département. « Cette cérémonie de conservation de mangroves constitue pour nous une étape majeure, car au-delà de l’acte symbolique, c’est une affirmation de notre engagement collectif pour la sauvegarde des écosystèmes uniques », a déclaré, à l’occasion de la cérémonie, Luc Mouvi, président de l’ACCB. Pour lui, cette démarche n’est pas une simple opération de reboisement, mais une manière de renouer avec une vision du monde dans laquelle la nature est sacrée, vivante et intimement liée à l’identité des peuples riverains. Une vision qu’a réaffirmé Eco-Bénin par la voix de son Chargé de Programme, « Nous croyons que la préservation des écosystèmes n’est pas seulement une affaire d’espèce ou de loi, mais avant tout une affaire de communauté, de foi, de tradition et de transmission », a affirmé Moïse Koumassa, tout en rappelant que l’organisation s’est déjà illustrée dans une opération similaire à la Bouche du Roi, où 10 villages ont procédé à la sacralisation de plus de 500 hectares de mangroves. À Dado, cette approche est reprise, adaptée et consolidée.

Dans son intervention, le maire de Bopa, Abel Djossou, n’a pas manqué de réaffirmer l’implication de la collectivité. « Le conseil commun va y veiller et protéger avec vous, praticiens des religions endogènes, et surtout des Zangbéto, les mangroves… Nous allons mener la lutte avec vous pour que la protection de nos eaux soit effective », a-t-il assuré. C’est dire que l’ONG Eco-Bénin, tout comme les leaders traditionnels, sait que les réponses aux défis climatiques ne viendront pas uniquement des grandes conférences internationales, mais aussi et surtout, des communautés, des rites et des engagements locaux.