Du 10 au 12 juillet 2025, la Fédération Ouest-Africaine du Secteur Privé de la Santé (FOASPS), en partenariat avec la Plateforme du Secteur Privé Sanitaire (PSSP) du Bénin et avec le soutien de Speak Up Africa, a organisé à Cotonou la première conférence de haut niveau sur le financement de la santé. Placée sous le thème « Construire des systèmes de santé résilients : s’appuyer sur les partenariats public-privé pour un financement durable de la santé », la conférence s’est tenue au Palais des Congrès de Cotonou et a réuni d’importants acteurs du secteur de la santé.
Falco VIGNON
Une nouvelle ère s’ouvre pour le système de santé du Bénin et de l’Afrique de l’Ouest. Du 10 au 12 juillet 2025, des représentants des gouvernements, du secteur privé, des organisations internationales, des bailleurs de fonds et des professionnels de santé se sont réunis autour du thème central de la conférence. Pendant trois jours, ils ont activement participé aux échanges visant à repenser le financement et la résilience des systèmes de santé dans la région. Divers acteurs de la Plateforme du secteur privé sanitaire (PSSP) du Bénin, la fédération ouest africaine du secteur Privé de la santé (FOSASPS), la direction générale de l’organisation ouest africaine de la santé (OOAS) le représentant résident de l’OMS au Bénin et les responsables de Speak Up Africa et bien d’autres personnalités ont répondu présents aux échanges. A l’occasion du lancement, Dr Latif Abdou Mousse, Président de la PSSP du Bénin, a expliqué que l’objectif de cette conférence est de jeter les bases d’un financement durable de la santé à travers une meilleure intégration des PPP. “Plus spécifiquement, il s’agira entre autres, d’analyser les défis actuels des systèmes de santé au Bénin et dans la sous-région, en mettant en lumière les vulnérabilités structurelles telles que le manque de ressources, la gestion des crises sanitaires avec l’exploration des insuffisances, de proposer des stratégies pour renforcer la coopération entre les secteurs public et privé, intra et inter pays et d’évaluer et proposer des mécanismes de politiques publiques adaptés au financement durable de la santé, en tenant compte des besoins spécifiques et des meilleures pratiques régionales et internationales”, a-t-il ajouté. Hugues Tchibozo, de l’Organisation Ouest-Africaine de la Santé (OOAS), alerte sur la baisse des financements extérieurs. « Nous devons renforcer la gouvernance locale et explorer toutes les pistes domestiques ». Son appel est partagé par l’OMS, qui regrette que seuls 5 % des pays africains respectent l’engagement d’Abuja de consacrer 15 % du budget à la santé. Le représentant de l’OMS a révélé également que 44 % des dépenses de santé en Afrique sont directement supportées par les ménages, compromettant ainsi l’équité d’accès aux soins. Il a insisté sur la nécessité de transformer les modèles de financement, en renforçant les partenariats, en adaptant les cadres réglementaires et en innovant, notamment à travers la télémédecine, les fonds de garantie et le cofinancement.
Noter que les bonnes pratiques et approches concrètes mises en œuvre ont été présentées aux participants. Il s’agit, entre autres, du projet ARS3, mis en œuvre par PSI Bénin et l’ABMS qui se distingue par sa couverture de 441 formations sanitaires et ses efforts en santé maternelle, néonatale et infantile dans 24 communes de quatre départements béninois et qui vise l’amélioration durable des services de santé maternelle, néonatale et infantile.
Le représentant résident de PSI, Emery Nkurunziza souligne que « des protocoles harmonisés, un accompagnement du secteur privé et l’acquisition de matériel médical pour 230 structures sanitaires », ont déjà permis de sauver des vies. Dr Joseph Boguifo a rappelé que dans plusieurs pays africains, le secteur privé assure jusqu’à 60 % des soins de santé. Loin d’être un concurrent, ce secteur est un allié incontournable pour atteindre la couverture sanitaire universelle.
Dans son intervention, la représentante du ministre de la Santé du Bénin, Agnès Lissa Vissoh, Secrétaire générale adjointe du ministère a fait savoir que « la résilience de nos systèmes de santé repose sur la qualité des investissements et l’inclusivité des réformes ».
Speak Up Africa, opte pour des mécanismes innovants de cofinancement de la santé
Partenaire clé de la conférence de haut niveau sur le financement de la santé, Speak Up Africa a animé le panel 6, consacré au rôle du secteur privé dans la lutte contre le paludisme. À cette occasion, plusieurs leviers essentiels pour renforcer le système de santé ont été mis en lumière. En effet, le rapport “Changez l’histoire, sauvez des vies” y a été abondamment débattu. Ainsi des mécanismes de cofinancement, des fonds de garantie, et la télémédecine comme outils pour renforcer la lutte contre cette maladie endémique sont entre autres les propositions faites. Les panélistes ont fait des recommandations pour accélérer l’élimination de la maladie. Ils ont mis l’accent sur : la mobilisation du secteur privé en zones rurales, création de fonds de garantie, les innovations technologiques, et un meilleur partage des données entre acteurs. Les échanges ont mis en lumière plusieurs défis persistants à savoir, la faible mobilisation fiscale, la fragmentation des sources de financement, la faible présence du privé dans les zones rurales et le manque de mécanismes d’incitation. De nouvelles lois pour renforcer le Partenariat public Privé, la facilitation de l’accès au crédit pour les prestataires privés, et l’institutionnalisation du dialogue public-privé dans la planification sanitaire ont été proposées par les acteurs.
Un nouveau départ pour les systèmes sanitaires

La conférence de Cotonou a permis aux divers acteurs de faire un état des lieux du financement de la santé en Afrique. Des niches d’opportunités et d’investissement ; les défis persistants en terme de financement de la santé, les conséquences des coupes budgétaire, du retrait du financement de l’USAID et autres bailleurs, les moyens de mitigation pour adresser les chocs financiers, les points d’attention discutés en lien avec des questions de fiscalité, de prêt, de loi, etc.. et des suggestions, propositions et recommandations pertinentes relativement à la collaboration entre le secteur privé et public, entre les entreprises elles-mêmes et les partenaires et le secteur privé ont enrichi les échanges. Ce fut un moment pour les participants de s’engager pour la mise en œuvre des réformes, afin d’avoir des systèmes de santé plus justes, plus performants et plus résilients conformément aux réalités actuelles. La part du secteur privé est importante selon les acteurs. Car, 44% des ménages contribuent à la santé. Ils ont tous reconnu la nécessité d’une mobilisation forte et d’une synergie d’actions en vue de bâtir des systèmes sanitaires résilients en Afrique de l’Ouest.