Le Bénin abrite, du 7 au 11 juillet, la conférence Africa Endeavor 2025. Un rendez-vous stratégique sur la cybersécurité réunissant 28 pays africains. La cérémonie d’ouverture, tenue à Cotonou, a été marquée par l’intervention du général Shawn Holtz, représentant de l’Africom, qui a salué le leadership béninois en matière de sécurité numérique.
Belmondo ATIKPO
L’intérêt d’Africa Endeavor réside dans sa capacité à faire dialoguer experts militaires et civils. Cette approche transversale permet d’impliquer des acteurs variés : autorités nationales, fournisseurs de services, chercheurs et responsables techniques. Le défi reste toutefois immense. Si certains pays ont considérablement progressé, d’autres peinent encore à structurer leur stratégie numérique, faute de ressources ou de volonté politique. Le choix de Cotonou pour cette édition d’Africa Endeavor n’est pas anodin. Selon le général Holtz, ce choix illustre la montée en puissance du Bénin dans la consolidation des capacités en cybersécurité et en communication. Créé en 2006 en Afrique du Sud, Africa Endeavor a formé à ce jour plus de 2000 spécialistes issus de plus de 40 pays africains et d’organisations partenaires comme l’Union africaine, l’Union européenne ou l’Otan. Pour Fortunet Alain Nouatin, ministre de la Défense nationale, cette édition marque un tournant face à un contexte sécuritaire profondément transformé. «Nous vivons une mutation de l’environnement sécuritaire. Là où la menace était autrefois visible et conventionnelle, elle est aujourd’hui invisible, instantanée et globale. Le cyberespace est devenu un nouveau théâtre d’opérations », a-t-il rappelé. Dans un monde interconnecté, les cyberattaques, les conflits hybrides ou encore la désinformation deviennent des armes de prédilection pour affaiblir les États. Une réalité que partagent tous les participants réunis à Cotonou. Pour le ministre Fortunet Alain Nouatin, la cybersécurité dépasse désormais la simple question technique. Elle touche à la souveraineté nationale, à la crédibilité militaire et à la résilience économique. « La cybersécurité est devenue un pilier de notre autonomie stratégique. Elle exige des approches partagées, proactives et intégrées », a-t-il insisté. Le forum vise à renforcer l’interopérabilité des systèmes de communication sur le continent et à bâtir une réponse collective face aux menaces cybernétiques croissantes. L’édition 2025 met l’accent sur le partage des expertises, la mise en place d’infrastructures résilientes et la coordination entre acteurs civils et militaires. Depuis plusieurs années, l’Afrique est confrontée à une recrudescence d’attaques numériques visant autant les institutions étatiques que les infrastructures critiques. Ces menaces, souvent transnationales, révèlent la vulnérabilité persistante des systèmes de défense et de communication. Africa Endeavor, initié par l’Africom, s’inscrit dans une dynamique de réponse collective, visant à créer des standards communs en matière de sécurité et de résilience numérique sur le continent. Au-delà des discussions techniques, Africa Endeavor 2025 pose les bases d’une coopération à long terme. L’objectif est clair : renforcer la souveraineté numérique des États africains tout en assurant une coordination régionale capable de faire face à des menaces hybrides. À mesure que les armées africaines se modernisent et intègrent des outils numériques, la maîtrise du cyberespace devient une composante incontournable de la sécurité nationale.
Une exposition technologique pour l’avenir
L’innovation technologique occupe une place centrale. Une exposition met en lumière des solutions de pointe. Fournisseurs et industriels présentent leurs outils lors de sessions générales, suivies de démonstrations interactives. Ces technologies, des systèmes de cryptage aux réseaux résilients, équipent les armées pour contrer les cybercriminels. Les stands favorisent aussi le réseautage, connectant communicants africains et experts d’AFRICOM. Aucune nation ne peut affronter seule les cybermenaces. Brian Shukan, ambassadeur des États-Unis au Bénin, le martèle : « Les cyberattaques ignorent les frontières. Elles fragilisent les institutions et déstabilisent les sociétés. La sécurité exige confiance et partenariats ». Africa Endeavor incarne cette vision. En unissant 28 pays, le symposium crée des systèmes interconnectés, rendant les cyberattaques plus difficiles.