Bonne nouvelle pour les collectivités territoriales ! La Banque africaine de développement (BAD) vient d’approuver un financement de 117 millions d’euros, soit près de 77 milliards F CFA, pour soutenir le Programme d’appui au développement économique des collectivités territoriales (PADECT).
Belmondo ATIKPO
Ce financement d’après la BAD, inaugure une nouvelle approche axée sur la performance, garantissant un meilleur suivi et une utilisation efficace des ressources. Le Bénin franchit ainsi une nouvelle étape dans sa politique de développement local. En effet, le PADECT favorisera la numérisation des services publics, avec le déploiement d’infrastructures numériques dans 89 établissements publics, la connexion mobile dans 114 localités et la création de 65 points numériques communautaires pour faciliter l’accès à Internet et réduire la fracture digitale. Aligné sur la Politique nationale de décentralisation 2024-2033 et la vision “Bénin 2060 Alafia”, ce programme vise à transformer les 77 communes du pays en de véritables pôles d’attractivité économique, capables de générer des investissements, des emplois et de l’innovation sur la période 2026-2031.
Ce financement découle d’un prêt de 110 millions d’euros de la BAD, complété par 7 millions d’euros du Fonds africain de développement (FAD), qui vise à transformer les communes en points d’attraction économique durable. Sur le terrain, le programme vise à doter les collectivités territoriales de capacités accrues pour exécuter leurs plans de développement communal, améliorer l’accès au financement des PME, notamment par le biais de l’Agence de développement des PME, et garantir une représentation minimale de 30% de femmes dans les instances locales et initiatives financées. Cette dimension genre témoigne d’une volonté forte d’intégrer l’aspect social et économique à la fois. Le rapport d’évaluation environnementale et sociale du PADECT, publié par le ministère de l’Économie et des Finances du Bénin, détaille les composantes : la création d’un environnement local propice aux entreprises, la transformation numérique des collectivités, et le soutien aux actions climatiques au niveau local. Il montre que les collectivités territoriales auront un rôle accru dans la gouvernance locale, notamment par la mise en œuvre de documents de planification communaux et l’appui à l’investissement local.
Outre l’augmentation de la compétitivité des agents économiques locaux, le PADECT ambitionne de densifier le réseau numérique, d’étendre l’administration électronique des communes, et de faire des collectivités des plateformes numériques pour les entreprises et citoyens. Le Bénin considère ainsi que l’attractivité locale passe désormais par la maîtrise des services numériques, de la gouvernance territoriale et de l’inclusion économique. Cet effort s’inscrit dans une logique plus large de la BAD : promouvoir un développement territorial qui met à l’honneur la décentralisation, l’entrepreneuriat local, la digitalisation et la résilience climatique. Le choix de travailler à l’échelle des communes traduit la prise de conscience que la croissance économique ne peut être uniquement nationale mais doit s’appuyer sur des territoires compétitifs. Cependant, pour que ce programme porte ses fruits, plusieurs défis devront être relevés. Il s’agira de veiller à la qualité des projets, de garantir la transparence dans l’octroi des ressources, d’assurer que les communes disposent d’un vrai pouvoir d’investissement, et que les mécanismes de suivi-évaluation soient robustes. Le rapport de soutien environnemental et social souligne notamment la nécessité d’éviter que des sous-projets ne génèrent des impacts négatifs ou des déplacements involontaires de populations.
Pourquoi est-ce important ?
L’investissement de la BAD à travers le PADECT marque une étape significative pour l’évolution des économies ouest-africaines. D’abord parce qu’il traduit un basculement de l’approche centralisée vers une dynamique de développement territorial. En renforçant les capacités et l’attractivité des communes, le Bénin ouvre la voie à une croissance plus inclusive, plus répartie géographiquement, et mieux ancrée localement. Ensuite, cet effort est un catalyseur pour l’écosystème des PME. En facilitant l’accès au financement local, en incluant la digitalisation des services et en garantissant l’égalité de genre, le programme favorise l’émergence d’entrepreneurs et d’emplois dans les territoires. Cela répond aussi aux objectifs de transformation structurelle des économies africaines : passer d’un modèle dominé par l’agriculture et les matières premières à des services, de la transformation et de l’innovation territoriale. Sur la dimension environnementale et climatique, l’ancrage local permet une meilleure prise en compte des risques, une gouvernance plus proche des populations et une mobilisation de l’action publique locale, ce qui est essentiel dans un contexte de changement climatique et d’impacts territorialisés. Le programme intègre cette dimension par sa troisième composante dédiée aux actions climatiques. Pour les autres pays ouest-africains, le modèle béninois peut servir de référence. L’idée de transformer les collectivités territoriales en pôles économiques crédibles est un chantier utile dans une région où l’intégration régionale, la décentralisation et la transformation numérique sont des leviers de compétitivité. En favorisant la montée en puissance des territoires, on renforce la résilience économique nationale, on diversifie les moteurs de croissance et on stimule des dynamiques internes plutôt que des dépendances externes.

