Au marché international Dantokpa, la réalité du commerce a durement frappé une grossiste en produits vivriers. Maman-Sènan a vu son investissement de 800 000 FCFA fondre sous l’effet d’une offre excédentaire de gombo. Après avoir misé sur une vente à 15 000 FCFA le panier, elle se retrouve à écouler sa marchandise à perte.
Marius KPOGUE
Le véhicule de transport, rempli de gombo, part des périmètres maraîchers d’Agbannakin, un village enclavé situé à environ 85 kilomètres de Cotonou, pour arriver au marché de Dantokpa. Soixante-dix-sept paniers, tous remplis de gombo, sont chargés par Maman-Sènan, une grossiste en produits vivriers. À son arrivée au marché, elle fait les comptes de son investissement. L’achat de la marchandise, l’embarquement, les frais de transport, les frais douaniers et autres petites dépenses totalisent 800 000 FCFA. Après avoir calculé, Maman-Sènan fixe le prix de vente à 10 500 FCFA pour couvrir son investissement. Cependant, elle décide de vendre chaque panier à 15 000 FCFA. Les paniers sont déchargés, et les revendeuses commencent à s’approcher. Mais lorsque Maman-Sènan annonce son prix, les revendeuses s’éloignent, méfiantes. Se retrouvant seule, Maman-Sènan réalise qu’elle n’était pas prête à affronter la réalité du marché. « Elle ne connaît pas encore la réalité du terrain », murmure-t-on autour d’elle.
À un moment donné, Maman-Sènan décide de se rendre auprès de ses homologues pour prendre conscience de la réalité du terrain. Ce jour-là, le marché Dantokpa est inondé de gombo. En effet, les départements du Mono et du Couffo ont largement contribué à l’approvisionnement des marchés avec leur récolte de gombo et de crincrin, saturant ainsi le marché Dantokpa.
Face à cet afflux massif de produits, le prix du panier de gombo chute brutalement à 6 000 FCFA, bien loin de la prévision initiale de 15 000 FCFA établie par Maman-Sènan. En tenant compte de son investissement, la grossiste devrait vendre chaque panier à au moins 10 500 FCFA pour récupérer son capital sans bénéfice. Mais la réalité du marché, marquée par un surplus de paniers invendus, a fait s’effondrer le prix de vente à seulement 6 000 FCFA, soit une perte de 9 000 FCFA par rapport à sa prévision initiale de 15 000 FCFA.
Le prix du panier de gombo varie en fonction de la disponibilité du produit sur le marché. Ce jour-là, il est à 6 000 FCFA, mais il peut grimper jusqu’à 20 000, voire 30 000 ou même 35 000 FCFA lorsque la marchandise se fait rare. Plus le produit est abondant, plus son prix baisse.
Les réalités du commerce
Face à cette situation, la grossiste fond en larmes. D’après son expérience, si la marchandise continue d’affluer entre 14 h et 18 h, les prix risquent de chuter davantage. Avertie de cette réalité, Maman-Sènan décide de vendre à 6 000 FCFA, au même prix que les autres grossistes. Elle vend, les larmes aux yeux, voyant ses billets se transformer en peine. Son investissement de 800 000 FCFA lui rapporte finalement à peine 462 000 FCFA. C’est là une dure réalité du monde commercial.