Bien que l’économie béninoise figure parmi les plus dynamiques d’Afrique, le pays reste confronté à d’importants défis. Dans son Rapport Pays 2025, la Banque africaine de développement appelle à accélérer les réformes et à mieux mobiliser les capitaux pour transformer cette croissance en un développement inclusif et durable.
Aké MIDA
Le Bénin s’affirme comme l’une des locomotives économiques en Afrique. Avec un taux de croissance record de 7,5 % en 2024, le pays se classe dans le top 3 africain et devrait maintenir une progression soutenue de 6,4 % en 2025 et 6,8 % en 2026, selon le Rapport Pays 2025 de la Banque africaine de développement (Bad). Cette performance est portée par l’agriculture, la construction, l’industrie manufacturière et les réformes de stabilité macroéconomique.
En 2024, le déficit budgétaire a été ramené à 3 % du produit intérieur brut (Pib), atteignant l’objectif fixé pour 2025. L’inflation a été contenue à 1,2 %, grâce à une bonne campagne agricole et à la stabilisation des prix du carburant importé du Nigeria. Le secteur financier reste solide, avec une progression de 10,6 % du crédit au privé.
Cependant, la mobilisation des recettes fiscales reste faible, à seulement 13,3 % du Pib, en dessous de la moyenne africaine. Le poids du secteur informel reste prépondérant avec 85,9 % des entreprises, ce qui limite l’élargissement de la base contributive. Le compte courant demeure déficitaire avec seulement 6,2 % du Pib en 2024, malgré la bonne tenue des exportations qui constituent 24,6 % du Pib.
Capital sous-exploité et risques à surveiller
Malgré ces performances, le capital naturel et humain reste sous-exploité. Moins d’un quart du Pib du capital humain (indice de 0,40, sous la moyenne africaine) et du capital financier (crédit au privé représentant seulement 19,7 % du Pib) est pleinement valorisé. Le secteur privé qui contribue à 78 % du Pib, est freiné par le coût de l’électricité, les déficits d’infrastructures et le manque de main-d’œuvre qualifiée.
Les principaux risques identifiés par la Bad comprennent l’instabilité des politiques commerciales mondiales, la baisse attendue de l’aide publique au développement qui représentait 26,6 % des dépenses publiques en 2024, ainsi que les tensions sécuritaires aux frontières. Les élections de 2026 et les impacts du changement climatique pourraient également peser sur la trajectoire de croissance.
Pour atteindre ses objectifs de transformation d’ici 2030, le Bénin devra combler un déficit structurel de financement estimé à 5 % du Pib par an. L’enjeu est de passer d’une croissance quantitative à un développement inclusif et durable, en libérant le plein potentiel des capitaux naturel, humain, financier et entrepreneurial.
Cinq leviers à actionner
La Bad recommande un double agenda. A court terme, le Bénin doit renforcer la présence de l’État dans les zones à risque, instaurer la transparence des paiements publics, numériser entièrement les services fiscaux et mobiliser des financements à conditions favorables via les garanties multilatérales.
Le rapport souligne également l’importance de mobiliser la diaspora et d’instaurer un Système de comptabilité économique et environnementale pour mieux valoriser les ressources naturelles. La gestion proactive de la dette, comme l’émission en 2025 de 1 milliard de dollars Us partiellement garanti par la Banque mondiale est citée comme un exemple de bonne pratique ayant amélioré la notation souveraine à BB- (perspective stable).
A moyen et long termes, il s’agira d’investir massivement dans des infrastructures résilientes au climat : énergie, transport, Tic, eau, tout en développant des partenariats public-privé dans l’agriculture et l’industrie et en promouvant le contenu local. Par ailleurs, la création des instruments financiers innovants, notamment des obligations vertes et la titrisation, s’avère nécessaire.
