Malgré un budget d’investissement globalement maintenu à près de 195 milliards F Cfa, les communes béninoises peinent à concrétiser leurs projets. A la fin du premier trimestre 2025, seulement 3 % des dépenses prévues ont été effectivement engagées, révélant une série de blocages institutionnels, techniques et financiers.
Aké MIDA
L’exécution des investissements reste le talon d’Achille des communes béninoises. Au premier trimestre 2025, seuls 2,8 % des recettes prévues pour l’investissement ont été effectivement mobilisées, et 3 % des dépenses budgétisées ont été exécutées, d’après la Note de conjoncture des finances locales – Premier trimestre 2025, publiée par la Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique (Dgtcp) en avril 2025.
Ce démarrage poussif reflète les limites structurelles persistantes de l’exécution locale dans un contexte de fortes attentes citoyennes.
En effet, 2025 est une année charnière, à l’approche des élections générales dont les municipales et communales, avec des espoirs nourris par les populations en matière de réalisations concrètes d’infrastructures.
Pourtant, l’investissement local figure parmi les priorités affichées de l’Etat béninois pour l’année. Le budget d’investissement des communes, en légère baisse, témoigne tout de même d’un engagement pour le développement territorial. Mais la réalité de l’exécution au premier trimestre révèle des blocages structurels persistants.
Le faible taux de consommation des crédits d’investissement appelle des réformes urgentes. Il s’agit notamment de simplifier les procédures de passation des marchés, de renforcer les capacités techniques des services déconcentrés et de réduire la dépendance des communes aux financements extérieurs, souvent longs à mobiliser.
Des moyens disponibles, mais des blocages persistants
Le budget d’investissement agrégé des 77 communes béninoises s’élève à 195,04 milliards de francs Cfa pour 2025, marquant une baisse modérée de 0,4 % par rapport à l’exercice précédent. Ce niveau est maintenu malgré la diminution des subventions et dotations à recevoir qui passent à 39,27 milliards F Cfa, soit une chute de 26,4 %, et du prélèvement prévisionnel en recul de 167,1 %, selon les chiffres de la direction de la Production des Comptes publics (Dpcp/Dgtcp). Cela traduit un certain déséquilibre ou une correction importante par rapport à 2024.
Toutefois, cette contraction est compensée par une hausse de 29,2 % des reports de ressources non consommées des années précédentes, qui atteignent 109,31 milliards F Cfa, confirmant une faible capacité d’absorption récurrente dans de nombreuses communes.
A noter que 63,2 % du budget d’investissement 2025, soit 123,32 milliards FCFA, sont consacrés à la construction de bâtiments publics, d’infrastructures sanitaires, commerciales, ou d’ouvrages d’art et d’assainissement. Ce poste recule toutefois légèrement de 1,3 % par rapport à 2024, en raison notamment de la lenteur persistante des procédures d’exécution et de décaissement.
Les investissements en équipements et matériels enregistrent une chute marquée de 18,2 %, alors que les autres dépenses d’investissement (études, accompagnement, amortissements, etc.) progressent fortement de 40,2 %. Ce rééquilibrage de la structure des dépenses peut signaler une volonté de mieux préparer les projets en amont, mais il retarde d’autant les réalisations visibles et tangibles attendues par les populations.