Le Programme d’assainissement pluvial de Cotonou (Papc) renforce la résilience climatique de la ville tout en améliorant le cadre de vie des habitants. Le dernier rapport de la Banque africaine de développement juge l’exécution du projet satisfaisante, avec des impacts déjà visibles dans les quartiers concernés.
Aké MIDA
Avec une mobilisation financière exceptionnelle de plus de 362 milliards F Cfa, le Programme d’assainissement pluvial de Cotonou (Papc) affiche des résultats prometteurs. Selon le dernier rapport de supervision de la Banque africaine de développement (Bad) daté du 26 mai 2025, l’exécution du projet est globalement satisfaisante, avec des impacts visibles sur la résilience urbaine et la qualité de vie des populations riveraines.
En termes d’impacts visibles sur le terrain, l’indicateur de réduction des populations affectées par les inondations enregistre une baisse de plus de 56 %, passant de près de 100 000 personnes à environ 43 000 dans les zones concernées, selon le rapporteur Céline Bénédicte Yidja Kanzie, chargé de projet. Elle souligne que l’entretien des ouvrages d’assainissement remis à la Société de gestion des déchets solides (Sgds) et à la mairie de Cotonou est déjà effectif sur la totalité des infrastructures disponibles.
Par ailleurs, plus de 1 000 emplois ont été créés dans le cadre du projet et plusieurs agents municipaux, femmes et jeunes ont bénéficié de formations dans divers domaines, dont la gestion des déchets, l’assainissement et les métiers artisanaux. Les objectifs en matière de renforcement des capacités des femmes et de l’alphabétisation sont déjà atteints.
Réalisations techniques en progression constante
La construction des collecteurs et caniveaux, de bassins de rétention et de voiries dans les bassins Pa2 et QaQc avance à un rythme soutenu. Sur les 33 140 mètres linéaires de collecteurs prévus, près de 15 000 sont déjà réalisés. Plus de 6 700 mètres de rues ont également été aménagés et pavés. En matière environnementale, 117 hectares de mangroves ont été reboisés sur les 240 prévus et deux études ornithologiques ont été menées à bien.
Le volet social n’est pas en reste. Les travaux de construction d’un laboratoire et de deux écoles pour enfants sourds sont en cours. Le projet prévoit aussi la réalisation de deux espaces verts, de trois centres de regroupement et de transfert de déchets, et la distribution de poubelles, de bacs à ordures et d’équipements divers à la municipalité.
Un spécialiste a été recruté pour concevoir une stratégie de communication institutionnelle globale couvrant l’ensemble des projets mis en œuvre. Cette approche a pour but d’assurer une cohérence des messages et une meilleure efficacité dans la diffusion des actions entreprises. En attendant la validation du plan, les activités de sensibilisation touchent déjà près de 1 000 personnes.
Exécution globalement satisfaisante
Sur les dix critères d’évaluation retenus, le rapport indique que cinq ont été notés très satisfaisants, quatre satisfaisants et un seul jugé insatisfaisant. La note moyenne de performance atteint 3,4 sur 4, permettant de classer le projet comme « non potentiellement problématique ». La réalisation des objectifs de développement est qualifiée de très satisfaisante, les indicateurs d’effets et de produits étant en bonne voie d’atteindre leurs cibles d’ici la clôture prévue en juin 2027.
Les effets et produits attendus du projet sont dans l’ensemble en bonne voie. Sept produits sur 21 sont déjà achevés. Les autres avancent avec des niveaux de réalisation intermédiaires jugés satisfaisants. Si certaines activités restent à finaliser, notamment la livraison d’équipements ou l’achèvement de formations, aucun obstacle majeur ne semble compromettre l’atteinte des résultats finaux.
Le rapport souligne néanmoins un retard dans les compensations et indemnisations des personnes affectées par le projet. Le gouvernement et la Bad s’emploient à finaliser cette étape sensible d’ici fin juin 2025.
Un financement massif et multi-sources
Piloté par l’Agence d’exécution des travaux urbains (Agetur) pour le compte du gouvernement béninois, le Papc bénéficie d’un cofinancement de plusieurs partenaires techniques et financiers. Parmi eux, la Bad, la Boad, l’Afd, la Bei, la Banque islamique de développement (Bid), l’Ifc/Banque mondiale et le Fonds Africa Growing Together (Agtf). Le montant total déjà mobilisé s’élève à 362,43 millions d’euros, soit plus de 237 milliards de francs Cfa en financement extérieur et près de 125 milliards en devise locale.
L’objectif principal du programme est de réduire la vulnérabilité de Cotonou face aux inondations, tout en améliorant l’environnement urbain. Il vise notamment l’amélioration de l’évacuation des eaux pluviales, la réduction des dégâts matériels, la promotion de l’hygiène, la sensibilisation des populations et la valorisation d’aménagements urbains dans des quartiers défavorisés.
A. M.